17 août 2015

Me mordre les doigts jusqu’au sang, sans même le réaliser, pensant à toi, à la rencontre d’aujourd’hui avec toi, des heures qu’il reste avant que je sois avec toi, du temps que je vais passer avec toi.  Toi, toi, toi.  La goutte rouge perle sur mon pouce.  Je la lèche, le goût cuivré de mon fluide sanguin qui m’est si familier, depuis des années
 
(flash de mon agenda scolaire vers la fin du secondaire, des pages et des pages recouvertes de sang séché, je voulais voir la face d’un prof le jour où il déciderait de l’ouvrir pour y inscrire une note disciplinaire mais c’est jamais arrivé, y’a que mon ami J. qui l’a vu et qui semblait troublé par la chose)
 
depuis l’enfance, petit humain nerveux qui s’est toujours rongé les ongles, les peau, les nerfs.  Qui s’est habitué très vite à cette couleur coulant de lui.  Qui n’en était pas dérangé, pour qui c’était presque banal, ce qui fait que quand je me blessais c’est sur la douleur que je me concentrais, j’étais capable de l’étudier avec toute mon attention
 
(jusqu’à ce que j’en arrive à la regarder froidement, et à me demander pourquoi la douleur nous est si désagréable, et qu'est-ce que ça veut dire "désagréable"?)
 
une petite étape franchie, un pas de plus vers l’acceptation de ma propre mortalité.

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