22 novembre 2000

Embrasser son individualité, c'est certes s'intéresser à soi, croire à ce que l'on est, ne pas avoir honte de ses idées, et aller dans l'extravagance ludique mais aussi visionnaire… mais c'est aussi une manière de ne pas trop se prendre au sérieux, étant conscient de toute la finitude d'un individu, de ses particularités, et de ses Vérités Individuelles.

Affirmer des Vérités, tout en sachant que rien n'est Universel, que ce qui est Vrai ne l'est pas pour tout le monde.

Comme le disait William Blake (je cite de mémoire): "One Law for the Crow and for the Owl / is Oppression".

13 novembre 2000

Confronté à la Fin du Monde plus ou moins imminente, c'est par pur instinct de survie que je veux tout de même avoir des enfants.  Pour m'assurer, par extension, d'être là jusqu'à la Fin.  Je vais lui dire, à mon enfant: "L'Humanité achève, cher enfant.  Rappelle-toi que ce n'est pas de ta faute.  Profite de ta Vie, à tout prix.  Et n'aie pas honte d'avoir à ton tour des enfants.  Tu ne les condamnes pas, en les faisant naître dans un monde mourant.  Au contraire, tu viens l'enrichir, pendant que c'est encore possible."  À toutes les époques les gens ont dû se dire "Est-ce une bonne chose de faire naître quelqu'un dans ce monde si cruel, corrompu et immoral?"  Nous n'avons pas à nous priver à cause de l'État du Monde.  Nous sommes aussi bons.  Bannissons la culpabilité.

Quelle idée d'avoir eu des enfants au Moyen Âge, il y a mille ans, deux mille ans, et ainsi de suite.  La Vie est inhospitalière, et l'a toujours été.

Et (c'est l'égocentrique en moi qui rêve de ceci), il serait bien qu'avec moi commence une lignée d'Observateurs, d'Écrivains, jusqu'à la fin.  Non pas les Premiers Écrivains, mes les Derniers… jusqu'à la Fin, mon petit-fils, ou mon petit-petit-fils, qui décrirait pour personne la Fin de la Race Humaine.