28 avril 1999

"Danger" la ville a beau nous dire
le printemps lui n'aime pas souffrir;
par les couleurs il nous remplit
jusqu'à ce que nos lèvres sourient.

21 avril 1999

Dîner, et je lis et poursuis Visions of Cody.  Je termine la partie du tape, et j’embarque dans Imitation of the Tape, et je trouve que c’est un gigantesque ramassis de souvenirs, de réflexions, de divagations, de laisser-aller.  Probablement qu’il s’enregistrait et qu’ensuite se transcrivait.  Un bout brouillon de Town & City, je me demande si quelqu’un l’a remarqué… bien sûr que quelqu’un l’a remarqué, ce que je veux dire c’est "Je me demande si je pourrais e n parler avec quelqu’un?".  Il parle de ses souhaits, de vivre dans une petite maison en Louisiane et d'être sur le bord d’un feu, de regarder la lune, et est-ce surprenant que je l’aime tant, que j’aime tant ses livres, que j’imagine comme un enfant être sa réincarnation?  Je veux dire, son écriture comme de la télépathie la plupart du temps me rentre dans la tête et va toucher des choses qu’aucun autre écrivain va toucher.  C’est libérateur d’écrire comme ça, d’improviser sur ses erreurs, j’aime ça.  Il me met en tête la futilité d’écrire mais aussi son importance (pour moi).  Il me rappelle que je dois faire attention à ma vie, et que je ne dois pas passer ma vie à faire un travail que je n’aime pas, car MES JOURS SONT COMPTÉS ET JE N’AI QU’UNE SEULE VIE.  Je pleure dans ma tête quand je le lis, et je dis "Jack pourquoi tu n’as pas arrêté de boire et de te droguer?  Tu te serais rétabli… tu n’avais qu’à arrêter 1 an, puis à écrire lentement, à travailler, et peut-être que tu aurais vu du bon à écrire de la fiction, je veux dire la structure comporte des contraintes mais seulement s’y tu t’y consacres entièrement… écrire des romans et en même temps un journal te donne la liberté et la structure, si bien que je sais pas, ça s’équilibre.  Je ne peux pas accepter que tout est perdu, que l’amour est un mythe, et que l’amitié est un leurre.  Je ne veux pas me résigner, je veux vivre, je vais mourir alors pourquoi ne pas en profiter d’ici là?  Vivre avec ma femme et aimer mes enfants et écrire des histoires pour utiliser ma seule arme: l’imagination, ma seule arme contre le temps, la mort et la tristesse, ma seule arme contre l’ennui et l’incompréhensible, ma seule arme contre les conventions anciennes dont je ne veux rien savoir, ma seule arme, la seule arme d’un gars qui ne comprend pas pourquoi ceux qui l’entourent ont des multiples armes, l’imagination ma seule arme et mon seul confort, la seule chose qui m’a donné la force de continuer, qui a donné une motivation à ma vie et qui a donné  une optique à mes expériences et erreurs… oui car je suis finalement assez vide, je pense à mes histoires, et à mes amis, mais à bien peu en dehors de ça… et je fais des choses qu’on ne comprend pas et qui blessent… un mariage où tous ne sont pas invités, et ça blesse… un retrait de ma vie familiale et ça blesse… des attentes trop grande de mes amis et ça blesse… de m’être ouvert jeune, m’a nuie dans mon adolescence… le soir j’arrive chez moi et je veux jouer, mais pour être moi même je dois écrire, transcrire pour revenir à mon histoire… quand je note des idées je vois ça comme un jeu, mais c’est beaucoup plus que ça, c’est ma vie, c’est tout ce que je suis, c’est tout, c’est là que je comprends et règle des choses, c’est là que je prends de bonnes résolutions (comme maintenant), c’est là que je deviens un personne meilleure, c’est là que je me vide de ce qui m’empoisonne le sang (comme le fait que ma mère m’avait envoyer chier, et que j’avais oublié), je dois être un exemple, je dois poursuivre mes textes et mes lectures, et être brillant de mes efforts, être respectable (je ne suis présentement qu’un travailleur niaiseux ayant pour ses amis un potentiel d’intérêt).  Un souffle, tout d’un coup pourquoi ce souffle?  À cause de Jack évidement, et bien sûr que je suis sa réincarnation, je le suis devenu le jour où je l’ai lu et que je l’ai compris et que je me suis ouvert à ce qu’il a fait dit ou écrit, et que j’ai reconnu en sa vie la mienne, que j’ai vu au cœur de son existence la même observation que mon cerveau porte, le même aveuglement sélectif, le même amour égocentrique de ma vie, le même désir de plaisir, d’excitation et de jeu.

Mais je m’arrête car je dois travailler, car si je continue je vais exploser.