27 juin 2006

Vulgarisation Autobiographique

Enfance: Je découvre l'Imaginaire, et réalise que c'est Infini.
Adolescence: Je me révolte contre cette croyance selon laquelle l'Imaginaire serait une Fuite du Réel.
Début de la vingtaine: Je m'engage à le démontrer par l'Écriture.
Début de la trentaine: Je me demande à qui, au juste, je suis en mesure de le démontrer.

5 Commentaires:

Louise L. said...
À moi, au moins.
Simon said...
Et à moi.
Louise L. said...
Et les entités, elles ? ;-)
Simon said...
Quelles entités?
Louise L. said...
Celles que tu VOIS dans tous ces objets de la vie courante.

5 juin 2006

Esquisse Printanière [ivre dans un autobus le 12 mai]

Mais où est-elle, où est-il, cet être humain avec qui je pourrais partager autre chose que les particularités de la race 'humaine', cette personne qui s'inquièterait et s'enivrerait de mes expériences, sans pour autant en être affectée, et avec qui je pourrais en faire de même? Mon Double, mon Versus (qu'importe son Sexe)?


* * *


J'ai le sourire plus facile que jamais, je vous accepte si facilement, je vois en vous l'internalisation des préceptes quasi sacrés de la génération de mes parents… comme eux vous vénérez les ivresses, vous adorez le coït, et les frontières sous toutes leurs formes vous abhorrent.


Musique, art, amour, jeux, partage, transes… vous en profitez pour aussi longtemps qu'il en est possible, et puis éventuellement, après quelques mois ou quelques années, ayant l'impression que vous n'en avez plus le choix, vous vous engagez dans une Profession.


(Profession de Foi, avant tout. Foi en un Jeu de Société dont les règlements implicites ne sont officialisés nulle part, sinon dans les pénalités conséquentes qu'ils entraînent lorsqu'on les enfreint.)L'heure est grave, oui, mais qui sait où nous en serions sans l'étourderie contestataire des années 60? Leur égoïsme sans fond et leur aveuglement ostentatoire était peut-être un moindre mal… et pour ça, malgré tout, je suis aujourd'hui capable de les remercier.


* * *


Chaque instant est un Écrasement Fabuleux pour qui sait s'en attribuer les prédispositions, pour qui peut s'en permettre le luxe mystique. Des strates nuageuses sans fin, une --- à tous moments --- richesse minéralogique presque royale, qu'il serait possible de s'empiler sur la colonne vertébrale.


Mais il y a un prix à payer; c'est toujours le cas. (Et c'est d'ailleurs à force d'ignorer cette réalité que nos parents en sont arrivés au sempiternel Constat d'Échec.) Tout est rotation, retour du pendule; après chaque Illumination il y a une Chute, après chaque Cérémonie il y a des Platitudes, après l'Orgasme il y a Relâchement.


* * *


Je suis prêt à me patenter une aventure pour atteindre un Lieu ou une Temporalité qui soit du Domaine de l'Aventure. Qui dit 'aventure' dit longueur, inconséquence de l'aboutissement, concentration sur l'immédiat, amour (et acceptation philosophique) de l'imprévu et de l'effort, capacité de se satisfaire simplement.


Qui dit mieux? Allez-y. Faites moi profiter de vos 'intellects supérieurs'. Mon humilité est Totale. Abasourdi en permanence, je ne demande qu'à me perdre dans une Forêt (qu'elle soit métaphorique ou le Fruit de l'alambique intellectuel d'un compagnon ou d'une compagne, ou tout simplement le reflet de mon environnement immédiat).


Pourquoi toutes vos lumières sont-elles éteintes? Au profit de quelle économie? C'est stupide mais je dois le demander.


* * *


J., où es-tu? J'aimerais tellement pouvoir te parler, juste pour que le Passé soit Passé, et pour savoir que tu vas bien, que tout n'est pas perdu, que mon premier amour est libre de tout enchaînement corrompu. Si seulement j'avais fait autre chose que t'observer.


* * *


Si je suis si saoul ce soir, c'est en hommage à mon oncle J. (ivrogne éternel et sanctifié, mort mais à jamais rebelle face à l'appauvrissement systématique de l'existence que nous dictent tous les Constats de toutes les époques nous précèdent); en l'honneur de H., mon [ex] meilleur ami, que j'imagine honnête et fidèle et intègre jusqu'au bout; en l'honneur de ma compagne M. qui m'aime et me serre contre elle pour je-ne-sais quelle raison; en l'honneur de ma sœur qui se rassasie des aventures encadrées que le show-biz entraîne et émane; pour mon père qui jamais n'articule de jugement face aux gagne-pains imbéciles (ou leur absence) que le soi-disant "Destin" lui met dans la face; pour ma mère qui maintient son cap de gipsy illuminée et condamnée dans une vie tellement, tellement morne; pour mes enfants, X. et C. et l'autre qui s'en vient, qui ont devant eux des défis inimaginés.


Texte enregistré à 10:15:00 PM 3 commentaires


Louise a dit...
Enfin il est apparu ce texte; merci. Je le savoure pleinement.
juin 06, 2006 12:05 PM

Methanalyse a dit…
"à jamais rebelle face à l'appauvrissement systématique de l'existence que nous dictent tous les Constats de toutes les époques nous précèdent"Dans le sens que la vie est moins riche de surprises et d'intants eureka parce que tout ou presque a été constaté? C'est bien vrai cela. Si c'est ce que tu veux dire. On pourra jamais réinventer la roue, va falloir trouver d'autre chose ou rester en dehors de tout ça comme ton oncle. Mais bon. J'sais pas trop si on est sur la même longueur d'onde là.
juin 14, 2006 3:00 PM

Simon a dit…
Bonjour Meth.Je ne sais pas si on dit la même chose, mais on est certainement sur la même longueur d'ondes.Ce que tu dis n'est pas faux, mais en fait ce que j'essayais d'exprimer ici c'est cette impression que j'ai qu'il y a un espèce d'inconscient collectif qui nous pèse sur les épaules, qui nous est bourré dans la bouche à la naissance, et qui est un peu plus pesant à chaque génération. Les conclusions les plus amères ont déjà été atteintes il y a cent, deux cents, trois cents ans, alors...Mais je me perds dans mes propres idées. Comme toujours.Salutations
juin 14, 2006 9:46 PM


Methanalyse a dit…
Ah ben voilà - oui oui c'est ça. Tu ne t'étais pas perdu, j'avais à peu près compris.
juin 15, 2006 8:50 PM

1 juin 2006

Excès

La déprime. Un mot clinique, moderne, stérile, qui n'est pas du tout adéquat pour exprimer cette Lassitude qui à chaque année progresse en moi. "Mélancolie" serait un mot plus approprié.

Une définition: "État morbide caractérisé par un abattement physique et moral complet, une profonde tristesse, un pessimisme généralisé, accompagné d'idées délirantes d'autoaccusation et de suicide."

Une autre: "État affectif plus ou moins durable de profonde tristesse, accompagné d'un assombrissement de l'humeur et d'un certain dégoût de soi-même et de l'existence."

Mais est-ce une maladie, une affliction? Ou n'est-ce que l'entraînement vers le bas de toute une Civilisation?

On dirait que presque tout le monde prend un type de médicament ou d'anti-dépresseur. Peut-être que nous sommes tous déprimés, et que les plus enthousiastes d'entre nous ne continuent que parce que nourris de ces stimulants narcotiques.

Mettez donc des amphétamines directement dans l'eau, comme vous le faites avec le fluore. Réglons le problème d'un coup sec, et pour de bon.

Pour ma part, pas de médicaments, pas de drogues; à peine quelques petites incursions de plus en plus rares dans ces ivresses considérées comme étant les plus banales. Mais j'ai peut-être tort. Peut-être que je devrais me débarrasser de mes scrupules et m'y abandonner, moi aussi. Peut-être que tout le monde autour de moi en bénéficierait. Mes enfants les premiers.

Je rêve de tellement pour eux… je rêve de me balader avec eux; de faire de la randonnée dans les montagnes; de les emmener au cinéma et au théâtre; de faire des pique-niques dans des locations aussi variées qu'exemplaires; d'explorer le monde avec, par et pour eux; de dessiner et écrire avec eux; d'inventer des jeux avec eux; de leur faire des spectacles de marionnettes; de leur raconter des tonnes d'histoires, à partir d'un livre ou de ma tête…

Au lieu de ça je suis une loque épuisée qui doit passer la majorité de ses temps libres à faire du ménage… de temps à autre faisant une balade à bicyclette ou à pieds, ou allant au parc… trop rarement… m'endormant le nez dans le livre, le soir, quand c'est le temps de leur lire une l'histoire… étant généralement incapable de retomber dans un mode ludique, dans un État de Connaissance et d'Éveil…

Continuer à vivre ou se donner la mort; il ne semble pas y avoir d'autres options que ces deux là.


Texte enregistré à 9:20:00 PM 1 commentaires

La Fée Blackstick a dit...
Je n'ai lu ta note qu'APRÈS t'avoir envoyer l'article sur LA GRANGE DES FÉES. Oui, je serais pour ça qu'on mette du Prozac dans toutes les eaux usées de ce globe en perdition, mais j'essaierai tout de même de passer au travers de ma journée, avec la peine et la joie de peiner, cette drogue qui fait la job, au naturel..Cette fin de semaine, c'est l'adrénaline qui me fera passer au travers du bon temps. Allons en paix et essayons d'être mélancoliques en toute beauté...
juin 02, 2006 10:00 AM