27 juillet 2015

Lettre à une amie (écrite sur le chemin du retour)

On vient à peine de se dire au revoir, la fatigue me gagne et avec elle un sentiment de vide.  Me mettre à écrire me semble alors être le choix qui s'impose.  C'est ma manière de lutter.  Je devrais sans doute garder tout ça pour moi mais... je ne sais pas... malgré tout je crois encore fermement en l'Amitié.  Ce soir plus que jamais.  Alors sache que dans cette frénésie de scribe qui déborde de moi en ce moment, si je dis des bêtises déplacées c'est parce que je ne retiens rien et donc que ça coule directement de la source.

Ça va peut-être te sembler l'évidence même, mais j'ai un grand besoin de complicité, d'intimité.  Non pas pour me perdre ou m'oublier, mais pour sentir que je suis... connecté.  Pour échanger, donner, toutes ces choses que j'ai dit trop de fois.

Jusqu'à tout récemment, je n'avais aucune peur parce que je n'avais rien à perdre.  Voilà que la terreur me gagne à l'idée de perdre cette petite flamme encore toute timide qui n'existait pas il y a quelques semaines.  C'est absurde, mais mes sentiments et la situation et ta personne, tout ça correspond tellement à ces idéaux que je croyais irréalistes ou en tous cas hors de ma portée, idéaux que je garde en moi de façon latente, vestiges d'une civilisation disparue.  Mais voilà que je te rencontre et qu'une portion atrophiée de ce que je suis reprends vie, hydratée par les infusions sanguines de ce "nouveau moi".

Et alors les synapses correspondant s'éveillent aussi, et des souvenirs remontent à la surface...

Moi qui tombe complètement pour J., à l'âge de 10 ans; admiration se transformant en fascination puis en fixation puis finalement, avec le temps, en Amour, le concept même se cristallisant en moi à travers (et grâce à) elle.  Elle n'a pas quitté ma tête pendant des années.  On pourrait même dire qu'elle ne m'a jamais quitté.

Moi qui tombe aussi complètement, trop rapidement, pour une autre J. à l'âge de 17 ans, envoûté par sa joie de vivre et ses cheveux roux.  Puis A.-M., littéraire langoureuse qui me parlait longuement des problèmes qu'elle avait avec son chum.

Je retrouve donc cet engouement (le mot est faible), et je sais avec une certitude inébranlable que c'est authentique et plus gros que moi, et non un sentiment préfabriqué que j'enfilerais comme un pardessus à défaut de quelque chose de mieux, ou de quelque chose d'autre tout court.

Non, c'est véritable et de mon point de vue c'est rare et précieux.  Ayant peur que ça s'évapore, je me mets donc à anticiper le pire, à voir des signes néfastes qui sont fort probablement des mauvaises interprétations.

Je n'ai pas d'attentes, mais à mon insu se sont infiltrés des espoirs.  Elpis, aperçu au fond de l'urne, que je suis incapable d'oublier.

Ceci étant dit, ma décision ce soir est de laisser mon esprit divaguer et rêvasser, de façon toute aussi illogique et déraisonnée, mais avec allégresse plutôt qu'inquiétude.  Je vais arpenter mes Espoirs plutôt que mes Doutes.  M'enrober des moments concrets de félicité plutôt que des peurs abstraites.

Repenser à la complicité sereine que j'ai ressenti pour la majeure partie du temps passé avec toi.  Visualiser la furieuse majesté qui nous surplombait.  Me remémorer ce remarquable moment de bien être alors que l'on marchait et que mon cerveau était complètement transporté par l'ensemble des caractéristiques de l'instant.  Revoir ce sourire détendu et en confiance que tu arborais alors que tu me parlais de toi.  Ressentir la pleine étendue du privilège qui m'était accordé quand tu m'as confié ce que tu n'avais jamais dit à personne.  Repenser à l'aisance avec laquelle je m'habitue graduellement à ta compagnie, et à ta présence dans mes pensées.

Et surtout, garder en tête que peu importe ce qui arrive, présentement les vagues se brisent contre moi, mes sens sont tous sollicités par l'Expérience, et je suis en vie Ici et Maintenant.  Peut-être que je me raconte des histoires, mais j'y trouve des vérités et des joyaux et des farfadets et des larmes et des rires et des flots marins et des secrets et des élixirs et des arbres et des confiseries et des plaisanteries et des spéculations... et comment est-ce que tout ça peut être mauvais?

No matter what happens, it's all worth it.

Tell me you agree.  Lie to me if you have to.  Pain is inevitable, one way or another.  Everything is an Illusion anyway, everything is a Dream, might as well make it a good one.

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