31 octobre 2015

Last Autumn
I fell
now
the Year's revolution
has almost reached
the cyclical point
of that Fall

I can still taste
oppressive
November
tearful despair
striking everywhere
at any time
in a crowd
at the store
on the street
at my post

(that grey heaviness
forever linked
with those times
unpleasant reminder
of mistakes
misunderstandings
selfish strivings)


disintegrated
everything
burned off
but the Gold
making me into
even more
of a difformed
Misfit

I don't care
about shit
anymore
I care about
Light
Love
Visions
Vistas
Joy
like I
always did
now
exclusively

broken
completely
irrevocably
for my Day
and Age
unable
to stand for
the People's Poison

no more
to be drawn
into tense
scarecrow tragedies
unnecessary strife
ever repeated
renewals
of domination

always
before now
my head clouded
my heart buried alive
dragged down with worry
over other people
their feelings
and needs

(easy
encouraged
lazy way
of avoiding
everything)


generosity
twisted
out of shape
empathy
sullied
compassion
abused
love
made a slave

to go back
would be to die
somehow

so
smile with me in Love
or leave me Alone
walk on in
or walk on by

30 octobre 2015

This week

Another
time-block
to add
to our
Mosaic

(heading off
to where
Age creaks
moans and growls
to retrieve
a pleasing
domestic necessity
your cast-off name
inadvertently
revealed
I hope
that blush
is not
out of anger

evening comes 'round
you confide some more
of your Life to me
casually
stumbling back
to your Origins
decades worth
of pure Essence
which you distill
and offer to me
carelessly
generously
and only more of
what I already saw
do I see

wishing
I could contain
retain it all
this part of You
freely offered
so softly I listen
like kissing
the inside
of your wrist

I am
the honored
Keeper
of all this
Treasure)


And what
will it look like
in the end?

Who's to say?

But there's a lot
to be said
about Now.

29 octobre 2015

Curious
tendency
to seek the Other
never wasting 
the occasion
like one would
reach for a Hand
seek warm comfort
under the blankets.

If a person's mere presence
gives you comfort peace
healing acceptance

if you can't help 
but look at her 
no matter
what she's doing

if all her 
revelatory words
feel like
primordial
necessities
because
of her Voice

if she smiles
when you talk
(amused
pleased
proud
endeared
happy)
and even
when you don't

if she's truthful
yet will not
inflate happenstance
occurrences
into gnawing
biting gnashing
clawing tearing
beasts of wrath

if Time is easy
and light
when your
vibrancies meet

if her Gaze
reaches out
and includes
you
gently
inquiring
wondering
tentatively
if all is well

cherish Her
nurture
the Love
savor it
and Live.




23 octobre 2015

Écrits mêlés de la semaine du 19 octobre

(Qu'est-ce qui fait que deux personnes, suite à leur rencontre initiale, décident d'un commun accord de se revoir, et dans certains cas de répéter ces rencontres aussi souvent que possible?)



Autre rencontre
autre semaine
dans l'encloisonnement
de tes murs
ensemble
nous flottons
sur cette aidance complice
(tes mains dans mes cheveux
mes lèvres sur ta nuque)
tu laisses s'échapper
de ta bouche
des paroles insouçiantes
tu es dans ta bulle
moi dans la mienne
mais il y a lien
il y a tunnel
il y a passage
et les tempêtes
sont bien loin

c'est une ardeur calme
qu'il y a maintenant
en moi
et non plus
la supernova &
l'ébullition continue

l'astre ayant refroidit
(avec en son coeur
magma en fusion)
la vie commence à apparaître
le cycle du temps se manifeste
la sérénité s'installe
et avec elle le bonheur
de la contemplation du bonheur

c'est tout simple
mais c'est grand
c'est intime
et ça va plus loin
que toi et moi

c'est fort
mais pas hors de contrôle
c'est vulnérable
mais pas fragile
l'habitude s'installe
mais le Mystère demeure
le magnétisme brûlant persiste
mais n'est plus anxieux
ma vie est toute autre
mais mon individualité 
n'est pas compromise
il y a bénéfices mutuels
sans besoins désespérés affamés
il y a connexion
mais pas lourdes attaches
nous sommes libres
et avec cette liberté
nous choisissons
NOUS
marchant ensemble
sous les cieux changeant







disillusioned
is what it took
for me
to finally start
believing

losing my dreams
opened the way
to dreaming

my heart broke
(in the general despair)
the contents spilled
and I saw it
for what it is

I was betrayed
and I understood
that I had been
betraying myself

caring
was the one thing
I felt I was good at
turns out
I couldn't even
care for myself

Summer did
what it does best
radiating
heat & light & life

Joy appeared
and Love rekindled
and Hope flashed by
and my cataracts
were all at once
revealed and removed

now Fall is upon us
(for all its Beauty
it's still just Dying)
leading us
politely
onto Winter

it will be time
for us
to preserve heat
and huddle and cuddle
closing up
the expansive
mental vistas
which we enjoyed

but I am stronger now
and no Season
and no Person
will stop me
in my striving
to be
to be
Myself

17 octobre 2015

se retrouver
au milieu du Centre
où nous ne sommes
que duo
parmis tant
avancer ensemble
mon bras dans le tien
mots légers
ou pas
se regarder
s'embrasser là
où on s'est embrassés;

se retrouver
dans tes murs
isolés parmi tant
se nourrir
échanger des mots
alors que le soleil
descend;

se retrouver
dans l'autre pièce
collés
se cajoller
et se chauffer
et puis parler
s'apprendre nos lexiques
nos limites
nos attitudes miroitées
un peu plus loin
dans l'ensemble;

la soirée avance
couvre-feu
la luminatiom pourpre
est déclarée
(astre tamisé astres éveillés)
sous les couvertures
les Ulysses entreprennent
leurs circumnavigations;

sans parler
se retrouver.

15 octobre 2015

La fin du jour approche.  Le Royaume des Nuages est au loin, au-dessus de l'horizon (là où il est toujours).  Il attire mon regard, avec ses teintes calmantes et ses architectures gonflées, bombées, blanches et rosées.  Ces contrées lointaines sont faites de vapeurs de rêves; heureux ceux qui sont les récipiendaires des averses qu’elles nous offrent; elles désaltèrent l'esprit, les sourcils cessent de froncer, le pouls ralentit, la fatigue s'estompe, le désespoir qui nous recouvre coule comme de la boue, et c'est avec une vivacité optimale que notre enthousiasme pour la Création est réanimé, ravivé, redressé.  Vivifiés, nous sommes à la fois capables, et conscients d'être capables.  L'Or de l'Imagination se mêlant à l'Argent de la Volonté en un alliage transfigurant.

C’est de ce Royaume que proviennent les émissaires et ambassadeurs du Vent; ils me saluent avec courtoisie, rafraîchissent mon front, mes joues, et puis continuent leur chemin.  Les Arbres, voulant séduire ou plaire aux Entités Maîtresses qu’ils devinent là-bas, au loin, se parent de leurs plus belles couleurs, et sont éclatants sous le soleil d’Octobre.

Je reçois tout cela avec contentement.  Mais pour certains ce Royaume est tout autre, ayant une nature et une vocation diamétralement différentes.  Il est inutile d'essayer de concilier les Royaumes parallèles s’ils ne se ressemblent pas.

Moi c'est à ces nuages-contrées, contrées-nuages, que j'aspire depuis toujours, et à ceux qui comme moi les recherchent.

Ayant passé beaucoup de temps à les contempler avec mon amie la Panthère, l'été dernier, je l'ai compris, je l'ai senti, je l'ai vécu.

12 octobre 2015

quelque part
l'eau sonore
coule
dans la paume
protectrice
de rochers

quelque part
le vent souffle
triste ou non
dans les feuillages
d'arbres
n'ayant jamais
été vus
par un humain

quelque part
des nuages
massifs
se frappent
au mur
infranchissable
d'une montagne

quelque part
un geyseir
intempestif
explose
faisant sursauter
un rongeur

mais ici
(si je ferme les yeux)
ici
il y a des humains
qui m'effraient
qui m'enragent
qui m'exaspèrent
me font rire
et troublent
mes fonds marins

mais si je ferme
mes Yeux
je peux te voir
et je ne comprends pas

tu es humaine
tu habites les mêmes lieux
tu es soumises
aux mêmes contraintes
mais tu n'es pas comme eux

non
pas comme eux
pas comme elles
tu brilles
(malgré ta colère)
tu chantes
(malgré ton silence)
tu émanes
(malgré ta solitude)
tu aimes
(malgré tes blessures)
tu ris
(malgré ta douleur)
tu crées
(malgré le Néant)
tu crois
(malgré le Pire)
tu vois
(malgré la noirceur)
tu entends
(malgré le vacarme)
tu goûtes
(malgré l'artificialité)
tu penses
(malgré la Suporifie)
tu acceptes
(malgré la peur)
tu Es

et près de toi 
je brille
je chante
j'émane
j'aime
je ris
je crée
je crois
je vois
j'entends
je goûtes
je pense
j'accepte
je suis

peu importe
peu importe
ce qui arrive
suivons nous
d'accord?
jusqu'à la Fin
(de Nous ou de Tout)
parce que
(je le sens &
je le sais)
ENSEMBLE
nous pouvons
embrouiller la clarté rationnelle
déjouer le contrôle officiel
salir la pâleur établie
éclabousser l'immaculée stérélité
colorer l'ennui ambiant
illuminer la pauvreté cérébrale
catapulter les enthousiasmes
éclaircir les eaux stagnantes
jouer avec le sérieux

je ne sais pas
comment agir
comment parler
comment offrir
comment confier
comment aimer
comment danser
comment demander
comment plaire
comment penser
comment vivre
comment continuer
moi aussi je suis brisé
mais si
si tu veux
si tu veux bien
me pardonner mes erreurs
être indulgeante
avec mes failles
et me prendre
tel que je suis
je t'offrirai
mes victoires
sans hésiter

à mes risques et périls
encore une fois
je m'ouvre
à l'amitié
inconditionnelle
sans réserve


11 octobre 2015

cacophonie domestique alors j'en rajoute

"is that death metal daddy?"

peut-être mais après c'est un vieux classique rap puis une frénésie serbe puis stoner intensity puis vieux spiritual des années 40 puis folk triste puis balade futuriste puis pseudo hip hop heavy

faut je me réveille après cette sieste involontaire imprévue m'ayant fait le coup de l'ambuscade

je suis crevé mais j'ai plus ou moins atteint l'objectif que je m'étais fixé maintenant je fais le souper après je sais pas j'ai envie de rien mais aller dormir à 18h30 ça ne se fait pas

le ciel devient jaunâtre la nuit approche et elle m'appelle il y a des arbres se mêlant à la lumière des lampadaires qui n'attendent qu'à être observés pendant de longues minutes

comment mêler argent et or quand on ne se sent même pas apte à forger le cuivre?

mais qu'importe l'écriture quelle qu'elle soit est un excellent moyen d'étirer l'agonie sans y mettre fin




envoyer des mots sans savoir si c'est lu si c'est compris juste parce que ça soulage donne l'illusion d'un partage d'une communication alors qu'en fait c'est chacun pour soit

chacun pour soit il n'y a que ça and it's my fault for believing otherwise tout ce qui en a découlé pour moi n'est que le résultat de mon idéalisme entêté

pas un seul serment d'amitié m'ayant été fait qui n'ait pas été trahi

l'ami parfait l'amie parfaite c'est ce que je cherche depuis toujours c'est pour ça que j'écris maudit soit mon romantisme je vis en dehors du monde depuis trop longtemps

alora j'écris n'importe quoi n'importe comment parce que ça fait trop mal de me pencher sur quelque chose qui ressemble à de l'Art chaque mot me poignarde parce que ce sont des missives cruciales adressées à une tribu qui n'existe pas
Ironie:
je suis capable
maintenant
d'être une personne
j'ai envie
de voir des gens
ils ont envie
de me voir
mais
je 
ne 
le 
peux
pas

(menaces qui plannent
si j'ignore
les contraintes
on me rendra
la vie difficile
et néanmoins
ce sera moi
le coupable
de tout)

alors je m'isole
la pénombre touche ma peau
et la tache
ma bouche se ferme
et se scelle
mes yeux se plissent
et s'inversent

je m'enfonce
et les autres
m'intimident
et je me mets
à préférer la solitude

je ne sais plus quoi faire
je ne vois pas de solution
état dans lequel j'ai été
pendant trop d'années

je ne veux pas retourner en arrière

10 octobre 2015

fatigué de réfléchir
ce soir
je tourne
mon attention
vers toi
(Reine de mes Pensées)
et je souris
tu balaies
mes inquiétudes
du bras
et j'en ris

dans l'optique de toi
tout s'endure
tout s'envisage

une tête sur une épaule
devant ce Fleuve qui nous attire
des lèvres qui se rencontrent
près des balançoires sonores

ce n'était que le début 
que vaut l'amour si quelqu'un l'ayant professé en arrive à laisser tomber toute considération pour l'autre? ce n'est peut-être qu'un phénomène passager, comme les nuages ou le soleil, le vent ou la grêle.

et si même durant l'épisode météorologique l'Autre ne fait rien pour toi, alors à quoi faut-il s'attendre plus tard?  à rien, à moins que rien.

idéaliste je n'arriverai pas à abandonner mes idéaux alors il faut me rapprocher de ceux dont la compagnie ne me fera pas souffrir.
jaloux
de la liberté
des autres
qu'est-ce
que ça dit
sur moi
si mon
désir
dominant
est de
me mettre
tout le monde
à dos
en laissant
tout derrière
pour toujours?

colère
haine
imaginée
réelle
que je sentirais
jusque
dans mes
rêves
pour toujours
mais
mais
mais
enfin seul
enfin libre
ou du moins
libéré

vagabonder
aussi longtemps
que je le peux
et puis
me faire
enfermer
et doper
jusqu'à
la Fin

yes please

9 octobre 2015

étrangement c'est quand je ressens la solitude des autres que je me sens le plus seul et que ma solitude me fait le plus mal j'ai fait tellement de gaffes ce n'est plus des gaffes mais des bévues des erreurs des écartades semi-tragiques pas une personne dans ma vie avec avec qui l'aliénation petite ou grande n'a pas fini par s'installer parfois par ma faute mais pas toujours je n'ai pas que des défauts en fait mon pire problème c'est que j'ai le coeur brisé et ce depuis toujours alors à partir de ça le pire peut s'insérer à n'importe quel moment mais c'est comme n'importe quoi il suffit de ne pas se laisser arrêter

mais je vois tellement de tristesse partout et le moteur de tellement de gens semblent être le désespoir et la solitude agonisante et l'appétit affamé mais je refuse de laisser la Faim me contrôller quelle qu'elle soit plutôt mourir il suffit de voir à quoi ça nous mène ce n'est pas humain

bientôt un an déjà que mon ancien univers a été tabula rasé et je la sens encore complètement écorchée prête à n'importe quoi pour la moindre parcelle d'attention c'est triste ça me rend tellement triste mais je ne peux pas m'arrêter à ça je ne peux pas me laisser aspirer par ce navire qui coule je dois nager ou ramer peu importe mais je dois m'éloigner me rendre suffisement loin pour que le naufrage potentiel m'affecte le moins possible c'est malheureux mais je dois penser à moi moi moi et je maudis la nécessité de cet égo-centrisme mais dans la situation précise où je me trouve c'est ça où je coule au fond moi aussi allant m'étendre dans les caveaux impossibles de R'lyeh au fond des eaux

(taper mes mots comme glenn gould sur son piano)

mon problème n'est pas la haine mais l'amour c'est tellement facile pour tout le monde de s'insérer dans mon intellect et alors à des degrés variés je ferais presque n'importe quoi pour la moindre connaissance et je suis terrassé à chaque fois que j'ai l'impression de les décevoir de les blesser de les brusquer de les repousser

ah mais merde si seulement pour une fois (ou deux) dans ma vie j'avais quelqu'un pour qui je compterais autant que cette personne compte pour moi il y a toujours une inégalité et j'admets que c'est peut-être complètement dans ma tête mais j'en ai soupé d'essayer de compenser j'ai assez donné pourquoi est-ce que je me retrouve fois après fois dans des situations où l'énergie coule à sens unique et où je suis de facto dominé et regardé de haut

ce qu'il faudrait c'est que je cesse de donner cesse d'offrir de me positionner moi-même en tant  qu'individu qui a à se prouver ou à mériter quelque chose mais on dirait que c'est tellement rare ça fait tellement du bien qu'on ne peut pas s'empêcher de profiter de l'occasion et donc de moi c'est ma faute dans le fond mais j'aime tellement voir les gens heureux ou moins accablés finalement c'est moi le problème pas les autres

individu attaché à des valeurs idéalistes et démodées je ne suis pas de mon époque mais les humains que je côtois sont de mon époque eux alors la dychotomie fait ses ravages et d'une certaine façon mon champ magnétique repousse passivement alors on me repousse activement et tout le monde est affecté mais eux ils s'en remettent alors que moi j'ajoute ce fardeau à mon ballot de branches et c'est de plus en plus lourd et je n'arrive pas à oublier jamais

j'aimerais être capable de pleurer comme au début de l'année c'était un relâchement physiologique qui faisait tellement de bien mais là je n'en suis plus capable on dirait ça s'accumule indéfiniment dans un bag of holding sans limites et je dois une fois de plus vivre avec

fuire je veux toujoirs fuire pourquoi est-ce que je dois toujoirs rester je m'excuse je te souhaite le meilleur du monde mais je ne veux plus rien savoir de toi je t'en prie laisse moi aller j'ai besoin de rétrécir mon univers et ta confusion est malsaine

quelqu'un peut m'expliquer le crime qui m'a mérité cette sentence?

Celui qui décide de faire de ses passions une priorité prend des risques.  Avec le temps ça le change, les marques flagrantes de son dévouement se manifestent dans tout ce qu’il est; elles lui burinent la peau, teintent sa voix, colorent ses yeux, altèrent sa démarche, et bien sûr transforment ses pensées.  La métamorphose est visible, de plus en plus au fil du temps, et alors sa particularité est exposée aux yeux du monde, qu’il le veuille ou non.

Ceux qui l’entourent, et qui contrairement à lui n’ont pas de vocation particulière, le voient alors comme un étrange, un perdu, réfractaire à l’harmonie sociale, difficile à cerner, défiant les catégories et les attentes, créant un trouble, un malaise.  Dérangeant.

Il devient donc tôt ou tard crucial pour lui de s’éloigner de tout ce qui le considère comme un corps étranger, et de trouver ceux qui --- à court et à long terme --- constitueront avec lui une tribu, un clan, où on peut se sentir en confiance, mettre ses forces en valeur, cesser de se cacher, combiner nos ressources… solidarité ayant pour but le bien-être mental, émotionnel mais aussi parfois physique de tous les concernés.

7 octobre 2015

Ayant trouvé le nouvel emplacement de la station SG-120375-88, le Saboteur sourit de constater qu'il n'y a pas de clôtures, pas de barbelés, et qu'elle est sottement entourée de grands arbres touffus, ce qui rend tellement facile son approche dissimulée.  Ensuite, à son amusement se mêle le mépris, car aucune des entrées ne semblent verrouillées.

"Décidemment, ces imbéciles pacifiques ne s'attendent pas du tout à être infiltrés.  Pas de système d'alarme, pas de détecteurs de mouvements, pas de caméras ou de senseurs à infrarouge.  C'est abandonné ou quoi?  Non pourtant, le registre a été signé et daté ce matin.  Leur sentiment de supériorité et/où d'invulnérabilité a atteint des proportions mégalomanes."

Le Saboteur sait qu'il sera ici pour des semaines, voire des mois, alors il doit sonder chaque sections de la station pour la connaître sur le bout de ses doigts, pour qu'il y soit encore plus à l'aise que ses occupants, et qu'il y soit le maître de façon secrète mais indéniable.

Son coeur bat avec une cadence qui subit encore l'influence électrisante de l'adrénaline, mais il ne sait pas combien de temps cela va persister; les lieux sont si visiblement paisibles.

"C'est d'un laxisme qui ne fait pas que frôler la négligence, mais qui s'y plante fermement comme une flèche dans le centre absolu d'une cible.  Comme si les responsables de ce Dogan se croyaient hors de portée, sains et saufs, immunisés au danger parce qu'ayant déplacé leur quartier général dans une région à l'écart de la majorité des batailles.  Ils n'ont décidemment rien compris."

Il passe par l'observatoire qui est installé en haut de ce qui normalement devrait être une tour de garde ("Si ces incompétents avaient la moindre idée de ce qui les menace..."), et il constate la qualité manifeste de l'équipement qui s'y trouve.  Un téléscope de haut calibre, incliné à 45 degrés vers le haut.  De multiples instruments de mesures et d'observation n'ayant visiblement jamais été utilisés.

Il redescend, traverse une salle de loisirs montrant des signes d'activités récentes, avec des ordinateurs dont les écrans de veille ne se sont pas activées.  Des livres un peu partout (romans, bandes dessinées, histoire ancienne, livres d'arts).  Des jeux de tables, installés sur plusieurs tables, interrompues ou laissées en suspend.

"Ne réalisent-ils pas qu'ils sont en guerre, et à deux doigts d'être rayés de la face du monde?"

Ahuri, il sort de cette pièce et continue son catalogage mental de la station.  Plusieurs petites pièces à vocations utilitaires, sans intérêt, et puis finalement... ce qu'il recherchait... la salle des communications.

"Personne ici non plus.  La porte grande ouverte, sans mécanismes d'accès.  Incroyable.  Un poste de travail déverouillé; moi qui espérait avoir à essayer mon nouveau débrouilleur... tant pis.  Bon voyons voir.  Ah, trop facile.  Une simple boîte de messagerie, tout est bien classifié, je n'ai qu'à tout copier sur ma clé."

Pendant que l'information est dupliquée, dédoublée, il survole le contenu des différents dossiers.

"Tout est là, en clair, sans encryption aucune.  Le plan des lieux, le calendrier et les échéanciers de leurs différentes opérations..."

Lisant des communiqués se trouvant dans des sous-dossiers plus profonds, il trouve toute la correspondance du grand responsable actuel.  Le détails de ses activités, envoyé quotidiennement à son supérieur où même à des adjudants et subalternes.  Ses pensées, ses impressions, ses réflexions.

"Il leur confie tout, faisant preuve d'une honnêteté et d'une ouverture suicidaire.  Comme s'il voulait ainsi donner l'impression aux autres de n'avoir rien à cacher, rien à se repprocher.  Ou encore comme s'il voulait s'en convaincre lui-même pour soulager sa culpabilité.  Ce sera trop facile pour moi de tout intercepter ce qui sort, et d'insérer dans leurs communications sortantes de vagues récriminations, des exigences voilées, des affirmations contrariées.  J'accepterai les traités désavantageux, sans protester, et refuserai les alliances bénifiques de façon catégorique.  Utilisant l'identité du chef, je questionnerai les motifs de mes collègues.  Je cesserai de remplir mes compte-rendus quotidiens, si bien que ça semblera suspect.  Je poserai des questions ayant déjà été posées.  Je laisserai certaines questions sans réponse, et le silence se remplira de soupçons.  Je laisserai tomber les marques de respect et de courtoisie qui jusqu'ici étaient constantes et sincères.  Et à d'autres moments je serai exagéremment sérieux, bizarrement solennel.  Le ton changera graduellement, se teintera lentement d'amertume, d'indignation et de méfiance.  Les personnes impliquées le prendront de façon personnelle, et assumeront toutes sortes de scénarios imaginaires, si bien que le climat d'harmonie qui règne parmi eux, mais surtout entre eux et leurs alliés, sera d'abord troublé, puis perturbé, et finalement ce sera la confusion et le chaos et tout s'écroulera sans même que je n'aie à poser une seule bombe."

Et c'est ainsi que le Saboteur débuta sa mission, qui consistait à infiltre l'ennemi et puis à s'y greffer comme un parasite ou un virus, afin d'anéantir dans le calme, sans violence, avec le minimum d'intervention et d'effort.

"Vous m'avez échappé une fois, et il est évident que vous croyiez vous être débarassé de moi pour de bon.  Ah, mais comme votre paix est fragile.  Comme votre stabilité est précaire.  Mes objectifs seront atteints en un rien de temps, et vous retomberez en état de crise, constemment sur le point de la catastrophe, abandonnés par vos ex-alliés et destinés à disparaître."

4 octobre 2015

tes yeux fermés tes longs cils noirs un sourire maintenu je l'embrasse sur l'extrémité cette irrésistible courbe vers le haut tu ouvres les yeux ils se plissent et deviennent sourire eux aussi tu constates que je n'ai pas arrêté de te contempler j'y passerais des heures jusqu'à ce que sommeil s'en suive notre chaleur qui se combine et s'entretient

je suis avec toi
propulsé vers toi étourdi par ma solitude subite avec un étrange malaise dans mon thorax comme si j'avais devant moi une épreuve mais si je lève les yeux le soleil fait ce qu'il a toujours fait pour l'humanité il me procure plaisir et donc espoir et allégresse de savoir que je vie et les nuages eux sont là pour me remplir de rêveries aériennes mais il ne faut pas les quitter des yeux sans quoi je dois constater le gâchi humain et en faire abstraction et regarder plus loin vers le rivage le fleuve l'horizon boisé je suis tellement écoeuré de ne voir que des autos des camions des motos des bâteaux plein de cargo et des restaurants poubelles où les familles vont le dimanche pour faire spécial

ah

je fonce vers la ville où cet écoeurement est complètement overdosé jusqu'à ce que je ne le sente presque plus je suis seul dans ma tête et mes yeux sont surtout tournés vers l'intérieur mais c'est correct parce que je suis seul enfin seul sans responsabilités je peux penser ou penser à rien et me perdre dans mes pensées et alors la lourdeur de cette pierre qu'il y a au fond de ma cage n'est plus un fardeau mais tout simplement un fait avec lequel je dois composer et si je le peux si j'y arrive je peux essayer de faire brûler mon Astre un peu plus fort et alors cette pierre chauffe et devient si chaude que sa masse est partiellement neutralisée et alors je semble flotter et je me sens bien et je suis quelqu'un non plus un fantôme silencieux mais un individu assumé qui a de l'aisance dans tout et face à tout et ça ne me demande presque pas d'énergie et en ce moment ce n'est pas le cas mais on dirait que je m'en rapproche ma tristesse est intacte mais je n'ai jamais voulu la fuire ou la faire disparaître seulement la faire exister au sein d'un ensemble d'autres états ou régions psychiques pour que rien ne domine un équilibre c'est tout

le soleil sur le pare-brise d'une voiture qui m'éblouit et me fait penser à l'été et je n'ai jamais senti l'été comme quand j'étais enfant (sauf peut-être par moments avec toi cet été alors que je tombais en amour et que je me sentais revivre) alors je pense à des dimanches d'antan des promenades en voiture des sorties chez de la famille ou des amis et je suivais c'était implicite mais je trimbalais mes univers avec moi et déjà j'étais capable d'endurer n'importe quel ennui c'est une habileté qui m'a bien servit mais qui à long terme m'a peut-être fait accepter de façon passive des situations inacceptables ou du moins malsaines mais qu'importe j'en ai pris conscience je pense n'est-ce pas ma belle

j'essaie de ne déranger personne d'être discret et de laisser les gens vivre je suis seul dans l'autobus et je m'en vais me mêler à des millions d'autres silencieux parmi eux je me déplacerai et irai retrouver une seule personne celle que j'ai envie de serrer et de contempler doucement car sa Présence est mélodie paisible et en sa compagnie j'entends presque la mienne comme un chant murmuré qui est trop timide pour être entendu par tout le monde mais je sais qu'elle l'entend quand nous sommes ensemble et c'est merveilleux que je puisse dire "nous" 

3 octobre 2015

comme c'est bon d'aimer il y a quelque chose d'exquis comme si on ouvrait les fenêtres alors qu'il fait bon et que la brise souffle fort et fait entrer la fraîcheur et la lumière ou encore comme si le monde se dévoilait pour nous éblouir ou nous plaire ou nous récompenser ou nous faire plaisir en nous offrant exactement ce dont on a besoin ou ce qui fera du bien ou ce qui éveillera ou ce qui appaisera mais chose certaine c'est qu'on ne veut pas que ça cesse ou que ça diminue ou même considérer comment on se sentirait si cet état s'évaporait

même quand on est un misanthrope solitaire mésadapté névrosé asocial
explications qui m'échappent
paroles qui m'échappent
et la distance grandit

la musique forte forte
une autre gorgée de vin
je prépare un souper 
que je ne mangerai pas

flash: je marche
dans des champs
on appelle la police
et je deviens
officiellement
un vagabond

geler dehors
sans amis
sans amour

malgré ce qu'on en dit
la communication
est rarement la bienvenue
on s'offusque pour des mots
on se brouille pour des mots
on se tue pour des mots
si tout le monde se taisait 
ça serait paisible?

je transporte en moi
toute ma vie
il semblerait
que ça ne soit pas normal
ou habituel
mais je vois
ceci et
celà
et ça m'habite
et ça fait partie
de mon bagage
génético-temporel
et je ne ments pas
et je ne cache rien
et je ne me ferme pas les yeux
et je ne fais pas semblant
et je ne renie pas

faites ce que vous voulez
moi c'est comme ça
toujours avoir besoin de parler sans quoi c'est comme si quelque chose s'éteint comme si quelque chose brûle et alors c'est intenable mais voilà rien n'est intenable on finit toujours par endurer le pire et à s'y habituer et c'est effrayant mais on n'y peut rien sauf peut-être essayer d'aller vers le Mieux mais parfois ce n'est pas tout à fait possible et personne ne peut comprendre pourquoi sauf soi-même et quel espèce de réconfort peut-on s'offrir à soi-même sinon des paroles vides qui ne sont bonnes qu'à vendre des livres ou des religions ou à gravir les échelons vers le piedestal tant convoité de la gourou-itude et alors on a le POUVOIR et alors la multitude nous écoute et nous adore et le Doute disparait ce même doute qui est à la base de la sagesse chez d'autres chez des penseurs mais comment savoir je ne sais pas on ne sait jamais mais moi je ne veux pas de pouvoir je ne veux pas être propriétaire je ne veux pas je ne sais plus ce que je ne veux pas mais je sais ce que je veux et c'est si simple et en même temps si inaccessible et ce clivage me tourmente alors je deviens frénétique et je dois faire quelque chose je dois dire je dois exprimer affirmer mais je ne sais pas comment je n'ai jamais su tout ce que j'ai trouvé qui ne se retourne pas contre moi comme un serpent libéré de son panier d'osier c'est de donner à mon cerveau la tâche de traduire mes sensations/émotions/pulsions innomables en mots trouver la meilleure manière de rendre ça soit compréhensible soit apte à évoquer quelque chose et puis après plus rien plus rien jamais rien c'est un cul-de-sac mais ça me fait sortir de chez moi sortir de ma tête pendant quelques instants quelle névrose quand même quelle drôle de façon de vivre et d'avancer dans cette ligne temporelle qui mène on-sait-où   
astres qui s'éclipsent
sans crier gare
le côté obscur
du soleil

les volcans s'éteignent
les tornades s'essoufflent
raz de marée qui s'applatissent
la Terre ne tremble plus

rien

dans mes mains
rien
dans ma cage
rien non plus
tout s'est enfuit
sans moi

laissé derrière
avec mon silence
mon immobilisme
ma fatigue

quand je parle
des échos
quand j'écris
la pluie fait couler l'encre
avant que ça soit lu

(l'eau qui retrouve
les particules d'arbres
que je barbouille
éperdumment)

je veux
être loin
loin
les feuilles mouillées
collées à mes fenêtres
pénombres
où il fait bon
fermer les yeux
et faire semblant
de mourir.