3 décembre 2007

Sylvain

"Elle n'était que bonté; je suis son ange déchu. La noirceur m'emporte et je ne m'y oppose pas. C'est la seule pente que j'ai trouvée. À chaque degré de ma chute, un livre m'échappe et je le signe de mon nom usuel, mais seule ma grand-mère connaissait mon nom secret."

Ces mots de Sylvain Trudel ont été lus par Brigitte Bouchard (son éditrice aux Allusifs), lors de la remise du prix de la Gouverneure Générale, la semaine dernière.

J'ai eu envie de pleurer, en lisant ces mots. Pour ce que ça montre de Sylvain, oui, mais aussi par ce que ça a fait remonter en moi, à propos de ma grand-mère Stella, morte en 2000, avec qui j'ai toujours eu une relation privilégiée. Au début des années '80, elle et mon oncle ont vécus avec moi et mes parents après qu'elle ait subit une sérieuse opération au cerveau.

Le matin, c'était le silence dans la maison, je sortais de mon lit et je descendais au sous-sol, là où elle était installée, et le plus silencieusement possible je m'approchais pour voir si elle était encore endormie. Souvent elle se tournait vers moi et me souriait, réveillée mais encore couchée, et elle m'invitait à aller sous les couvertures avec elle. On jasait, et éventuellement on montait pour déjeuner ensemble.

Je n'avais pas de nom secret, mais entre elle et moi les regards étaient purs et les paroles étaient directes. Elle était pieuse et douce, moi timide et effacé, tout était paisible quand nous étions seuls, et quand le cercueil s'est refermé sur elle j'ai pleuré. C'est la dernière fois que j'ai pleuré.



(Merci à L. de m'avoir dirigé vers cet article: http://www.cyberpresse.ca/article/20071128/CPARTS02/711280746/1017/CPARTS.)

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Mes grands-mères, Juliette et Marguerite, mères respectives de mes père et mère, ont été des modèles de bonté, de charité et d'amour pour la petite fille que j'ai été un jour...Et si on peut appeler ça de la mélancolie, oui, certains jours il m'arrive encore d'en ressentir quand je pense aux beaux souvenirs qu'elles ont laissés dans ma mémoire qui vieillit. Les grands-mères sont des êtres de protection, de réconfort et de fiabilité, ce sont nos fées Simon, nos vraies fées, celles qui veillent sur nous; et en ce moment même je pense qu'elles sont ICI, sur cet espace intemporel que tu as édifié pour nous, auteurs de vents scripturals. Merci pour ce témoignage de silence, de beauté et d'espérance..