Je quitte l'édifice (édifié à qui, à quoi?). Il fait froid mais ça s'endure très bien, le vent est doux, et je vois pas de quoi tout le monde se plaint… c'est l'hiver, ça arrive à chaque année, et il y aura bien pire d'ici à ce que l'hiver s'achève. J'ai faim, trop faim, ça m'abat et induit toutes mes réflexions en erreur (et je ne peux m'empêcher de penser que dans "erreur" il y a le début de "errance", et il y a aussi le verbe anglais to err, qui signifie se perdre, se tromper, échouer). Je m'en vais juste à côté, manger une bonne assiette de shish taouk. En mangeant je lis le Voir, chose que je ne fais pas souvent, et ça me démoralise encore plus… toute cette soit disante "vie culturelle" me dégoûte. Dire que j'ai déjà voulu me faire une place dans le Monde par mon Écriture… alors que je n'avais qu'à me faire une place dans l'Écriture, tout simplement. Je ne suis bien que loin du monde; minimalement, loin par la pensée; préférablement, loin par la géographie. L'abandon avec lequel vous embrassez la vacuité… me désole. La facilité avec laquelle vous vous glissez partout, dans toutes les circonstances, me stupéfie. ("Vous" étant des interlocuteurs imaginaires.)
Vingt minutes après avoir fini de manger, je marche dans les avenues surpeuplées du Centre Ville, sous terre et sur terre, et mon attitude est toute autre. Vous êtes si beaux, dans ce froid inhospitalier et hostile vos vies me semblent improbables et miraculeuses… la parfaite élégance de vos accoutrements… la splendeur de vos visages innocentés… l'insouciance des rires qui roucoulent vers le haut dans vos gorges enfoulardées… votre énergie festive… votre empressement vivace… tout ça m'enchante, je suis au Centre de la Ville mais aussi dans l'élément Central de ma Province, tout converge vers ici… je vous observe, cette observation m'arrache à vous… et je suis bien.
[On a ici un exemple de l'arbitraire de mes états d'âmes… tout peut venir les aggraver ou les élever… le simple fait de manger m'enivre au plus haut point, et me fait momentanément oublier une amertume pourtant toute récente. J'ai appris à me servir de cette fragilité… ça m'aide à profiter de tous mes instants quand ils sont plaisants, et à relativiser ma douleur quand ils ne le sont pas… ne pas trop me prendre au sérieux, me regarder aller avec un peu de recul, sans pour autant tomber dans le détachement émotionnel total.]
Vingt minutes après avoir fini de manger, je marche dans les avenues surpeuplées du Centre Ville, sous terre et sur terre, et mon attitude est toute autre. Vous êtes si beaux, dans ce froid inhospitalier et hostile vos vies me semblent improbables et miraculeuses… la parfaite élégance de vos accoutrements… la splendeur de vos visages innocentés… l'insouciance des rires qui roucoulent vers le haut dans vos gorges enfoulardées… votre énergie festive… votre empressement vivace… tout ça m'enchante, je suis au Centre de la Ville mais aussi dans l'élément Central de ma Province, tout converge vers ici… je vous observe, cette observation m'arrache à vous… et je suis bien.
[On a ici un exemple de l'arbitraire de mes états d'âmes… tout peut venir les aggraver ou les élever… le simple fait de manger m'enivre au plus haut point, et me fait momentanément oublier une amertume pourtant toute récente. J'ai appris à me servir de cette fragilité… ça m'aide à profiter de tous mes instants quand ils sont plaisants, et à relativiser ma douleur quand ils ne le sont pas… ne pas trop me prendre au sérieux, me regarder aller avec un peu de recul, sans pour autant tomber dans le détachement émotionnel total.]
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