17 avril 2008

Dilemme [quatrième partie]

[Ici, quelques autres aspects qui doivent être mentionnés, mais que je n'ai pas réussi à inclure dans mes réflexions précédentes.]

- La fatigue. L'épuisement. Le manque d'énergie face à tout. Découragé d'avance juste à penser à tout ce que je devrais me taper si jamais on devait vendre la maison, trouver un nouveau logis, me trouver un nouvel emploi, se déménager, toutes les démarches bureaucratiques que ça implique… découragé. Je m'endors à tout moment. Même devant un film ou un livre qui m'intéresse. Même dans les moments les plus sacrés, comme quand je lis une histoire à mes enfants. Il m'arrive même, des fois, de cogner des clous en mangeant mon souper. Il me semble que je resterais au lit pendant un mois au complet, à ne rien faire d'autre que dormir, lire, dormir, rêver, dormir.

- À toutes fins pratiques, on peut dire que je n'ai plus d'amis. La fin de semaine on sort rarement, et quand ça arrive c'est surtout pour aller voir des amis de ma Compagne, pas les miens. Je me suis détaché de tout et de tous. Même de ma famille. Je ne vois plus mon père, ma mère, et ma sœur, qu'à l'occasion.

- Ma Compagne a passée son enfance en Colombie-Britannique, et se sent donc plus à l'aise en anglais qu'en français. Par conséquent, à la maison quand je ne suis pas là, elle parle en anglais avec les enfants. À ce jour, bien qu'ils comprennent parfaitement les deux langages, ils ne parlent pas vraiment en français, au-delà de quelques mots. Si on déménageait là-bas, ça faciliterait donc leurs échanges.

- Nous faisons l'école à la maison, et ici, au Québec en général mais particulièrement dans notre région, c'est assez mal vu. Il faut presque le faire en cachette, risquant de se faire dénoncer à la DPJ par la commission scolaire. Tandis qu'en Colombie-Britannique, c'est non seulement assez courant, mais c'est reconnu par le gouvernement. Il y a même des encouragements fiscaux pour les parents qui décident de le faire.

- J'ai beau occuper un poste de "programmeur-analyste", ça ne veut pas dire que je pourrais le faire dans n'importe quelle compagnie. Je ne suis pas si compétent que ça. La programmation ne me passionne pas (au contraire), et je ne maintiens pas mes connaissances à jour. Si j'arrive à programmer, c'est principalement parce que je suis un bon lecteur (je "lis" un programme, en saisi la logique, et puis ça me permet de le modifier sans avoir à comprendre le moindre petit mécanisme). J'ai donc peur de me retrouver dans un emploi où je serais entouré de cracks de l'informatique, un amateur parmi les pros, ce qui me ferait vivre des anxiétés supplémentaires, etc.

- Le monde me dégoûte, et je me dégoûte moi-même depuis l'âge où j'ai commencé à y participer. Je ne me sens le moindrement bien qu'en retrait, en observateur, dans mon petit monde. Mon idéal? Ne plus travailler. Utiliser ce que j'ai accumulé de chômage (9 ans de travail à temps plein), puis devenir un assisté social. Je ne sais pas si c'est possible, combien ça me donnerait, si j'arriverais à nourrir mes trois enfants. Ce que je sais, c'est que ça me conviendrait parfaitement, et que je n'aurais pas du tout honte (parce que ne plus contribuer, c'est aussi ne pas contribuer à l'infamie; voir les propos cités ici). Passer des journaux et des circulaires pour nous faire un peu plus d'argent. Faire des jobines occasionnelles de pelletage ou de tonte de gazon ou de je-sais-pas-quoi d'autre, en autant que ça ne soit pas plus que quelques heures par semaine. Devenir le fou du village que nous nous choisirons (des flashs de la série Northern Exposure, série télé que j'aimais beaucoup, qui se déroulait dans un petit village en Alaska… je serais comme un espèce de Ed, le cinéphile/shaman).

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