16 janvier 2016

« troublés »
« criblés
de mal »
« souffreteux
et chétifs »

les Grand nous examinent
nous dissèquent à distance
préfèrent donner les restes
à leurs chiens...


Et nous…

... nous inventons des jeux, de tous les genres, les prenons au sérieux (ou pas), pour tenter d’unifier nos acquis en une masse plus grande que nous… aller plus loin et faire plus avec ce qui nous anime…

... nous construisons des arches, refusant l’utilité unique de ces bateaux, de ces bicoques, insistant pour qu’en plus de nous sauver du Déluge ça nous conduise quelque part, ailleurs, toujours ailleurs…

... nous broyons (du noir, du blanc, nos dents, nos os, soi-même, autrui, ce qui nous garde prisonnier, ce qui nous libère), nous broyons à n’en plus finir, ce qui est le propre de l’animal en cage…

... nous cherchons à combler cette faim, qu’elle soit alimentaire ou spirituelle, et au terme de nos efforts nous adoptons une pose, une attitude, une direction, même quand elle n’est pas bonne ou appropriée, ayant besoin de croire que nos labeurs ne sont pas vains…

... nous réalisons, consciemment ou pas, que nos solitudes sont absolues, que finalement c’est chacun pour soi, et malheureusement en concluons parfois que c’est donc une erreur de partager, d’aider, ou même de vouloir aider…

... nous convoitons, sans arrêt, de tout, à tous les niveaux, car si on cesse de le faire on nous dévisage et on se méfie de notre autosuffisance dérangeante…

... nous nous protégeons, sous l'impression que ce n’est jamais assez, jusqu’à ce que Bouclier devienne Barricade devienne Muraille devienne Parapet impénétrable…

... nous accusons, nous critiquons, distribuons les réprimandes comme des contraventions, car rien ne remplit le Vide comme les échos de la colère…

... nous admirons et nous vénérons, ou prenons des airs et gonflons notre torse, car la haine de soi prend plusieurs formes…

... et nous essayons de nous distinguer, soit par l'exubérance, soit par une réserve plus-que-discrète, convaincus de notre unicité et du bien-fondé de notre position...

... et la conscience absurde du Néant nous incite à le remplir, de dieux, de lubricité ou de projets, à votre guise…

... et nous aimons, ayant enfin devant nous la preuve tangible que la Beauté peut exister, qu’elle est bonne pour nous, que l’amitié est possible, la félicité atteignable, mais si subséquemment cette preuve se volatilise nous en concluons que nous nous étions trompés, que tout ça était Mensonge, Tromperie, Fausseté…


Alors qu’en fait…

... ce sont nos jeux qui devraient nous inventer et nous réinventer, ne laissant pas le temps à notre intellect de se solidifier dans une quelconque position de sériosité médusienne, car la matière de nos êtres est plus dense, tellement plus, que n'importe quelle de nos passions...

... il serait impératif d'apprendre à nager, et d'accepter la possibilité que les lieux où nous vivons et respirons soient désormais sous-marins...

... nous devrions examiner les mécanismes de ce verrou qui nous retient, et puis le défaire le
le crocheter le briser le déjouer le contourner...

... même rassasiés, comblés et repus, nous devrions continuer de chercher, de varier, d'expérimenter, même si ça veut dire qu'il faut perdre nos acquis et recommencer, le ventre vide...

... nous devrions voir que c'est cette solitude universelle et généralisée qui nous unit, fait de nous quelque chose comme un Être Unique, Universel, persistant depuis des millénaires son cycle et sa quête...

... nous devons comprendre que le désir (cette attraction plus grande que nous, obéissant à des lois universelles toutes aussi irréductibles que la gravité) n'est pas un mal en soit, que c'est une émotion toute aussi complète et savoureuse et jouissive que la satisfaction du dit désir...

... nous devons réaliser que ce sentiment de sécurité qui nous est accordé derrière nos défenses est acheté au profit de notre liberté de mouvement, de pensée, d'action, de parole...

... nous aurions avantage à accepter qu'il est toujours malencontreux de piétiner son humilité pour aller lancer des pierres à ceux qui nous entourent...

... nous devons nous tenir debout et admettre que ce que nous admirons chez les autres sont des qualités, des attributs ou des accomplissements qui sont accessibles à tous, puisque l'Humanité est unique, nous sommes Un, que ça nous déplaise ou pas... ainsi, il est absurde de vouloir se démarquer de soi-même, s'élever au dessus de soi-même, s'éloigner de soi-même...

... nous devons apprendre que le Vide ne se remplit pas, mais qu'il faut tenter de le faire au moins une fois pour le comprendre pleinement...

... nous devrions éliminer les concepts de Vérité et de Mensonge de notre esprit, ne gardant en tête que nos émotions, nos sensations, chérir ce qui nous fait du bien et laisser mourir le reste...


Alors ignorons les Grands, rendons leur la monnaie de leur pièce absente, déprivons les de notre attention et de toutes nourritures spirituelles pour qu'ils s'atrophient ou s'éteignent, leurs chiens aussi...

« névrosés »
« affaiblis
d'avarice »
« boursouflés
et paranos »

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