14 janvier 2016

J’arpente encore les longs couloirs du Labyrinthe. Souvent, presque continuellement même, j’entends mystérieusement ta voix de l’autre côté du mur. Ton odeur (qui m’est parfum) emplit mes narines, sensation fantôme qui ne semble avoir qu’un lien ténu avec la « réalité. »

Je ne te cherche pas mais tu es toujours dans mes pensées, fil d'Ariane invisible, sans substance, mais actuellement indestructible.

Un soir de grande fatigue, ayant atteint une belle apogée de découragement, plongé (une fois de plus) dans l’incompréhension totale devant ce qui s’est passé entre nous, j'avançais sans réfléchir (et si le Minotaure avait été proche c'en était fait de moi), j'ai débouché sur un petit jardin coquet. En son centre une belle statue, radieuse, conçue pour être mise en valeur par la lumière du soleil. Je m'en suis approché, l'ai contemplé quelques instants. J'ai senti en moi le désir de lui parler, de tout lui exprimer, de m'expliquer, de me justifier. Et puis j'ai eu comme un sursaut.

"Non, je dois arrêter de m'adresser aux statues, de quémander leurs attentions... pourquoi c'est toujours moi qui dois faire les premiers pas et instiguer et provoquer les rencontres? Non, c'est assez, j'ai..."

Je me suis soudain senti, inexplicablement, en proie à une colère foudroyante, hors-du-commun.

Je n’aime pas la colère, ce qui se produit en moi quand elle me prend, mais il y a de ces moments où (bien que je puisse la contenir) je ne peux pas la repousser.

Mon monologue intérieur était orageux, plein de tonnerre et de bruit et de tremblement, et ça menaçait de tout écraser ce que je conserve en moi de toi, trésor délicat et rarissime. […]

Je me suis précipité et j’ai fourni de gros efforts pour la faire basculer de son socle. Elle est tombée à la renverse, sans plus, étant fait d’une matière plus résistante que moi, avec mes jointures ensanglantées et mes jambes meurtries.

Agenouillé, paumes contre terre, j’ai fermé les yeux, luttant, luttant pour ne pas…

Et là j’ai pensé à l’Urne… à Elpis. Et ça m’a donné la force de me relever.

Y réfléchissant, j’ai entrevue une possibilité. Essayer d’oublier, ou du moins de mieux endurer, en penchant mes yeux, concentrant ma volonté. Prendre du recul, cesser de me juger aussi sévèrement, être aussi indulgeant que je le suis avec autrui. Ne pas faire de suppositions interminables sur le pourquoi et le comment. Accepter ma vulnérabilité sans pour autant y capituler. Être ouvert, constemment, prêt à tout, et en même temps prêt à rien... ne rien anticiper, ni le bon ni le mauvais, et seulement... être. Même si je dois le faire sans toi, sans qui que ce soit.

Être. Espérer.

Agir.

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