25 novembre 2015

Matin froid, tout illuminé d’éblouissement, tendant vers des essences hivernales. Ligne nuageuse artificielle contre ciel tout bleu; beauté défigurée. Éveil neutre, à la limite de l’indifférence. En marchant, une pensée: 

« À la lumière matinale, tout semble futile, tout est équivalent, toutes nos activités ne sont conçues que pour une chose : désarçonner ce Temps qui nous passe dessus. Désarmer ce Réel qui à tout moment menace de nous déverser son Trop-plein, voire de faire céder le barrage complètement. »

Je pense à elle, fraîchement éveillée dans sa « thébaïde épurée, » et suis aspergé par un petit espoir triste, un chagrin souriant, car malgré ce qui se passe ou ne se passe pas, malgré Novembre qui fait des siennes, malgré cette Solitude qui veut me faire payer pour les outrages diffamatoires que j’ai prononcés à son égard, malgré l’hébétude désemparée qui m’habite du matin au soir, la vision de son visage… est douce. Est belle. Est là, juste ici, sous mes parois crâniennes, pour m’accompagner. Pour me détourner de ce qui trop terne ou brutal. Pour me remettre le nez dans ce qui a le potentiel de m’élever. Pour me rappeler à l’ordre et m’inciter au chaos. Pour infliger à mes lèvres une légère flexion vers le haut, à mes sourcils une détente et un apaisement. Pour m’aider à être mieux épris de ma conscience, plus conscient de mes ferveurs.

Je ferme les yeux et la salue.

Aucun commentaire: