Mots du père: "En tous cas, je suis triste de savoir que vous allez déménager si loin. On va pu se voir souvent..."
J'ouvre la bouche mais rien ne sort
sauf ma respiration
directement de mes poumons
qui s'affaissent.
Je n'ai jamais été
capable de m'exprimer
et au lieu d'aller
en s'améliorant
ça s'embourbe
dans ma colère
qui part de pointe
et se pyramide
jusqu'au Tout.
J'aimerais savoir pourquoi tu me confies ta tristesse, Michel. En fait ça n'est probablement qu'une réaction candide comme celle d'un enfant, sans calcul ou préméditation, mais peut-on bénéficier du luxe de l'Innocence quand on a dépassé les soixante ans? Tu ne peux pas être sans savoir ce que ça me cause comme tourments, tout ça, alors pourquoi tu en rajoutes? S'imagine-t-on que parce que je suis solitaire, indépendant, secret, je suis au dessus d'une chose aussi simple que le support moral? Il faudrait que tu te demandes pourquoi je m'engage dans cette voie, que tu penses au dilemme que ça a préalablement nécessité. Il faudrait que tu retournes à cette question que tu m'as posée, il y a quelques mois ("Es-tu heureux? Je ne te sens pas heureux..."), et qu'ensuite tu songes à ce que je t'ai répondu, très exactement.
Que tu te désoles de la distance que ça mettrait entre nous, sans que visiblement tu te soucies de celle qui existe déjà (depuis toujours?), a de quoi me rendre perplexe.
Il faudrait que l'on se parle de ça en face-à-face, seul à seul, mais ça n'arrivera jamais. Pour que le courant passe entre nous deux, il faudrait que tu sois complètement sobre et moi complètement ivre (deux choses qui sont rares individuellement, mais qui jamais ne se produisent quand on se voit) .
Et c'est ainsi avec
presque tout le monde:
redevenu moi-même
après un long séjour
dans le Couloir des Masques
je ne suis à l'aise que Seul
ou avec mes Plus-Que-Proches.
Je baigne, schizoïde,
dans plusieurs Univers à la fois,
me dissipant
sur tous les tons &
tous les registres,
raffinant mes Hantises
en une absorbante Dévotion.
Ça fait de moi
un être sibyllin,
farouche et halluciné
comme un enfant,
se méfiant de tous ceux
qui prennent tout
(incluant eux-mêmes)
trop au sérieux.
J'ouvre la bouche mais rien ne sort
sauf ma respiration
directement de mes poumons
qui s'affaissent.
Je n'ai jamais été
capable de m'exprimer
et au lieu d'aller
en s'améliorant
ça s'embourbe
dans ma colère
qui part de pointe
et se pyramide
jusqu'au Tout.
J'aimerais savoir pourquoi tu me confies ta tristesse, Michel. En fait ça n'est probablement qu'une réaction candide comme celle d'un enfant, sans calcul ou préméditation, mais peut-on bénéficier du luxe de l'Innocence quand on a dépassé les soixante ans? Tu ne peux pas être sans savoir ce que ça me cause comme tourments, tout ça, alors pourquoi tu en rajoutes? S'imagine-t-on que parce que je suis solitaire, indépendant, secret, je suis au dessus d'une chose aussi simple que le support moral? Il faudrait que tu te demandes pourquoi je m'engage dans cette voie, que tu penses au dilemme que ça a préalablement nécessité. Il faudrait que tu retournes à cette question que tu m'as posée, il y a quelques mois ("Es-tu heureux? Je ne te sens pas heureux..."), et qu'ensuite tu songes à ce que je t'ai répondu, très exactement.
Que tu te désoles de la distance que ça mettrait entre nous, sans que visiblement tu te soucies de celle qui existe déjà (depuis toujours?), a de quoi me rendre perplexe.
Il faudrait que l'on se parle de ça en face-à-face, seul à seul, mais ça n'arrivera jamais. Pour que le courant passe entre nous deux, il faudrait que tu sois complètement sobre et moi complètement ivre (deux choses qui sont rares individuellement, mais qui jamais ne se produisent quand on se voit) .
Et c'est ainsi avec
presque tout le monde:
redevenu moi-même
après un long séjour
dans le Couloir des Masques
je ne suis à l'aise que Seul
ou avec mes Plus-Que-Proches.
Je baigne, schizoïde,
dans plusieurs Univers à la fois,
me dissipant
sur tous les tons &
tous les registres,
raffinant mes Hantises
en une absorbante Dévotion.
Ça fait de moi
un être sibyllin,
farouche et halluciné
comme un enfant,
se méfiant de tous ceux
qui prennent tout
(incluant eux-mêmes)
trop au sérieux.
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