30 septembre 2008

Little Birds

Jeff Mangum, le 5 décembre 1998: "It's the beginning of a story where a boy is in a not-so-nice situation. One day, little birds start to form around him in his room. They start coming into his body and he was very happy about this. But unfortunately he tries to share it with other people and they get very upset because this is something that he finds to be very beautiful but they don't find very beautiful and they want to destroy it."




Extrait de mon Journal, le 5 décembre 1998: […] moi je me dépêche d’écrire (en pensant à mes parents, ma famille en général): "Des vieux peureux qui ont mal guéris des étapes de leur vie".

26 septembre 2008

Lectures [Retenances]

"Les présidents et directeurs généraux de cette époque pouvaient, à l'instar de Néron ou Dracula, se permettre toutes les fantaisies sous les yeux de leurs cadres les plus intelligents sans que ceux-ci réagissent, tant il était vital pour eux de conserver leurs hauts salaires. Les démocraties occidentales avaient donc leurs despotes; mais, au lieu que ceux-ci fussent logés dans les palais de l'État, ils trônaient dans d'immenses et luxueux bureaux au faîte de leurs immeubles de verre et d'acier. La maladie se propageait aux étages inférieurs, car chacun s'estimait le roi de quelqu'un d'autre. Cette consternante psychologie du commandement influença lourdement le processus de dégradation qui rongea le foie des pays libres."

--- Tiré de L'Imprécateur (1974), de René-Victor Pilhes

25 septembre 2008

Lectures [Retenances]

"La construction d'usines et d'immeubles sur toute la surface du globe apportait du travail et de la nourriture aux peuples maigrement pourvus, accélérait leur marche vers le progrès et le bien-être. C'est pourquoi ces gens qui, en fabriquant, en emballant et en vendant, édifiaient le bonheur de l'humanité en vinrent à se demander à quoi pouvaient servir les assemblées politiques et les gouvernements. Voici ce que ces néo-patriciens, qui décidément avaient pénétré les secrets de l'âme humaine, répondirent: "Nous qui fabriquons, emballons et vendons, nous créons les richesses et nous en remettons une part importante aux institutions politiques, librement ou non élues, qui les redistribuent. Ces richesses, nous ne voulons pas les répartir nous-mêmes, car nous serions juge et partie. Ainsi, le monde, après tant de soubresauts et de déchirements millénaires, a enfin trouvé sa voie: fabriquer, emballer, vendre, distribuer le produit de la vente. En somme, de même qu'en des temps préhistoriques on avait séparé les Églises et l'État, on séparerait aujourd'hui la justice et l'économie. D'un côté, on ferait beaucoup de "social", de l'autre, beaucoup d'argent. En quelque sorte, le pouvoir temporel appartiendrait aux entreprises et aux banques, et le pouvoir intemporel aux gouvernements. Les temples, les églises, les synagogues le céderaient aux grands ministères.

Fabriquons et emballons en paix! criaient-ils, vendons en liberté, et nous aurons en échange la paix et la liberté!

Une pareille grandeur d'âme ne laissait pas indifférents les peuples et les États. Entre tous, les États d'Amérique du Nord apparurent comme le peuple élu. Le monde changea de Judée. Jérusalem fut peu à peu remplacée par Washington. Quant à la politique, elle s'adapta à la religion nouvelle et forma ses grands prêtres. Que serait un dirigeant qui n'aurait ni lu ni compris les Tables de la nouvelle Loi? Alors surgirent dans les Conseils des hommes d'un type nouveau, compétents, capables de gérer aussi bien une administration qu'une entreprise ou une grande compagnie. Le mot GESTION rompit un carcan multiséculaire, jeta bas ses oripeaux et apparut en cape d'or aux citoyennes et aux citoyens ébahis. Jadis, on cherchait à savoir d'un homme s'il était chrétien ou hérétique, à droite ou à gauche, communiste ou anglican. À l'époque dont je parle, on se demandait: celui-là est il ou non un bon gestionnaire?"

--- Tiré de L'Imprécateur (1974), de René-Victor Pilhes

13 septembre 2008

Soir


[Tiré de Wake the Devil, de Mike Mignola]

* * *

"I've been trying hard lately...
Ah, fuck it, I'm a monster, I admit it!"
--- The Curse of Millhaven, Nick Cave

10 septembre 2008

Ce que je ne dis pas, je l'écris. Ce que j'écris, quand je juge que ça en vaut le coût, et qu'après de longues délibérations internes j'en trouve le courage, et bien il arrive que je finisse par le dire. En ce sens, mon écriture se veut parfois une base passive menant à l'action, au geste, à la parole.

En dépit de ce que j'en pense donc la plupart du temps, il m'en incombe donc de croire que je ne me remue pas les tripes, les méninges, les bébittes, pour rien.

8 septembre 2008

FLAK! [Dépôts colériques & remaniements caractériels]

Mots du père: "En tous cas, je suis triste de savoir que vous allez déménager si loin. On va pu se voir souvent..."

J'ouvre la bouche mais rien ne sort
sauf ma respiration
directement de mes poumons
qui s'affaissent.

Je n'ai jamais été
capable de m'exprimer
et au lieu d'aller
en s'améliorant
ça s'embourbe
dans ma colère
qui part de pointe
et se pyramide
jusqu'au Tout.

J'aimerais savoir pourquoi tu me confies ta tristesse, Michel. En fait ça n'est probablement qu'une réaction candide comme celle d'un enfant, sans calcul ou préméditation, mais peut-on bénéficier du luxe de l'Innocence quand on a dépassé les soixante ans? Tu ne peux pas être sans savoir ce que ça me cause comme tourments, tout ça, alors pourquoi tu en rajoutes? S'imagine-t-on que parce que je suis solitaire, indépendant, secret, je suis au dessus d'une chose aussi simple que le support moral? Il faudrait que tu te demandes pourquoi je m'engage dans cette voie, que tu penses au dilemme que ça a préalablement nécessité. Il faudrait que tu retournes à cette question que tu m'as posée, il y a quelques mois ("Es-tu heureux? Je ne te sens pas heureux..."), et qu'ensuite tu songes à ce que je t'ai répondu, très exactement.

Que tu te désoles de la distance que ça mettrait entre nous, sans que visiblement tu te soucies de celle qui existe déjà (depuis toujours?), a de quoi me rendre perplexe.

Il faudrait que l'on se parle de ça en face-à-face, seul à seul, mais ça n'arrivera jamais. Pour que le courant passe entre nous deux, il faudrait que tu sois complètement sobre et moi complètement ivre (deux choses qui sont rares individuellement, mais qui jamais ne se produisent quand on se voit) .

Et c'est ainsi avec
presque tout le monde:
redevenu moi-même
après un long séjour
dans le Couloir des Masques
je ne suis à l'aise que Seul
ou avec mes Plus-Que-Proches.

Je baigne, schizoïde,
dans plusieurs Univers à la fois,
me dissipant
sur tous les tons &
tous les registres,
raffinant mes Hantises
en une absorbante Dévotion.

Ça fait de moi
un être sibyllin,
farouche et halluciné
comme un enfant,
se méfiant de tous ceux
qui prennent tout
(incluant eux-mêmes)
trop au sérieux.