Oh, the Horn'd Beast that whispers

deep inside the Maze of my ears...

"you're doomed little man doomed to fail condemned to loneliness and frustration doomed to waste yourself on senseless toil one way or the other you won't ever achieve attain gain or even maintain

you're not a writer you just latched on to that artificial identity because you found out that it made you somewhat interesting in the eyes of some but you are not it let me assure you and you never will be and so it's all a big lie and you know it yet you persist and keep piling Nothing Onto Nothingness

just give in give up and give way to your ingrained Darkness my pitiful friend it's the only way you will ever find some kind of peace your way is not the Light you belong to the Underworld your vistas are made up of dark clouds dead trees blowing leaves rotting animal bodies

you're a Fool a sad failed storytelling jester in an empty court and I'm the only loyal companion you'll ever have so tell me what’s the point of being happy when you’re alone nobody who looks at you does so for very long you have to wave your hand clear your throat ask questions for them to just give a quick peremptory glance in your direction nobody seeks your company nobody finds anything unique in you just boring proper civilized traits like "nice", "sweet", "learned",  "intelligent", "polite", "helpful" and as for Love forget all about it it’s all behind you the only ones who love you are those that have to you can barely take care of yourself let alone someone else what would anybody have to gain by caring for you you’re all used up washed out done in and you didn’t have a lot to begin with if you were completely silent and kept to yourself eventually everybody would forget all about you

you are forgettable you've always known it just accept it already ease in to your rightful place in this world close your eyes and let me take care of the rest"

[11 février 2016, 6h55 am]

* * *

O, Bête Cornue

murmurant

dans le Labyrinthe

de mes tympans...

"tu es maudit petit homme malédiction te condamnant à la solitude à la frustration condamné à te gaspiller dans des éreintements insensés d'une façon ou d'une autre tu n'atteindras jamais ne gagneras jamais ne conserveras même pas

tu n'es pas un écrivain tu t'es agrippé à cette identité factice voyant que ça te rendait intéressant aux yeux de certains mais tu n'en es pas un crois moi sur parole et tu ne le seras jamais alors tout ça est un mensonge odieux et tu le sais très bien même si tu fais semblant persistant empilant du Vide sur du Néant

alors admets-le abandonne donne libre cours à ta Noirceur incarnée mon pitoyable ami c'est la seule façon pour toi d'atteindre à un minimum de paix tu n'appartiens pas à la Lumière ta place est parmi les foules souterraines tes paysages sont faits de nuages pesant arbres dénudés feuilles mortes animaux en putréfaction

pauvre Fou pauvre raconteur manqué bouffon dans une enceinte vide je suis le seul de tes compagnons qui te soit loyal alors dis moi dis moi à quoi bon essayer d'être heureux quand on est seul on ne te regarde jamais pour bien longtemps tu dois leur envoyer la main t'éclaircir la gorge poser des questions pour qu'ils t'accordent le moindre regard personne n'a envie de te revoir personne n'a l'impression que tu recèles quelque chose d'unique seulement des traits de personnalités civilisés et pacifiés comme "gentil", "sympathique", cultivé", "intelligent", "poli", "serviable" et pour ce qui est de l'amour oublie ça c'est derrière toi les seuls à t'aimer sont ceux qui en sont obligés tu peux à peine t'occuper de toi même comment pourrais tu offrir quoi que ce soit à quelqu'un d'autre que pourrait-on espérer atteindre en ta compagnie tu es fini un raté un échec sans avenir tu as perdu le peu que tu avais

si tu te taisais et cessais d'aller vers les autres tout le monde t'oublierait

tu es parfaitement fade anodin sans intérêt tu le sais depuis toujours il ne te reste qu'à l'accepter détends toi prends place ici dans cet espace oublié qui t'appartient ferme les yeux et laisse moi m'occuper du reste"

[Traduction faite le 12 février, en soirée]