9 juin 2011

Une Bénédiction

[Traduction rapide, à peine compétente, du poème A Blessing de James Wright, faite à la demande de L.]

En sortant de l'autoroute allant vers Rochester, au Minnesota,
le crépuscule bondit doucement sur l'herbe.
Et les yeux de ces deux jeunes chevaux Indiens
s'assombrissent de bonté.
Ils sont venus volontiers des saules
pour nous accueillir mes amis et moi.
Nous franchissons les barbelés jusqu'au pré
où ils ont brouté toute la journée, seuls.
Ils se remuent nerveusement, peuvent à peine contenir le bonheur
de nous voir venir à eux.
Ils se prosternent timidement comme des cygnes mouillés. Ils s'aiment.
Il n'y a pas de solitude comme la leur.
À nouveau chez eux, ils commencent à grignoter les jeunes pousses du printemps dans l'obscurité.
J'aimerais tenir la plus petite des deux dans mes bras,
car elle a marché jusqu'à moi
et a touché ma main gauche de son museau.
Elle est noire et blanche,
sa crinière tombe rebelle sur son front,
et la brise légère m'incite à caresser son oreille allongée
délicate comme la peau du poignet d'une fille.
Soudainement je réalise
que si je sortais de mon corps je deviendrais
bourgeon.

1 commentaire:

Le Seuil a dit...

Merci à toi, Compagnon des jours blancs et noirs, c’est un présent fort apprécié que tu me fais là, c’est une traduction fidèle je crois.

« Ils se prosternent timidement comme des cygnes mouillés. Ils s'aiment. »

Ces mots me plaisent beaucoup; elle m’a particulièrement touchée, et tu dois savoir un peu pourquoi...

Ce soir, c’est de la belle grosse fatigue qui m’envahit, elle me provient d’IMAGINATION DU MONDE, cette performance théâtrale hors norme du théâtre de l’URD inspirée de La Divine Comédie de Dante à laquelle j'ai assisté hier soir.
Une fête pour tous les Sens... Des souffles de vie éternelle entremêlés à ceux de la mort, des chorégraphies à couper les nôtres, des corps complets avec les âmes qui vont avec, de la démesure, du cran, de l’audace, de la Présence. Quatre heures qui auront fait lentement passer le Temps du 9 au 10 juin...Le 10 juin, un autre de ces beaux jours.

Bonne fin de semaine.
L.