[J'écris ceci après l'avoir vu la semaine dernière, après avoir jasé quelques heures avec lui, alors qu'il me rendait visite pour mon anniversaire. Je résume ici ce que je savais, ce que j'ai appris, et ce avec quoi je me retrouve maintenant comme pensées.]
Mon père est déprimé. Suicidaire, même. Je ne l'aurais pas crû. Il a toujours été si maître de lui-même, si terre à terre et si profondément hippie en même temps, si stable dans ses entêtements, ses convictions et ses angles morts. Le voilà fragilisé, désemparé, en proie à une détresse déconcertante qu'il est incapable de réprimer, y étant si peu habitué.
Ça fait plusieurs années que ça ne va pas bien. Complètement terrassé par une maladie rare, il s'est lentement remis, affaibli mais toujours déterminé. Il ne s'est pas laissé abattre par ce rappel indéniable de son vieillissement et de son éventuelle mortalité.
Il y a quelques mois, il s'est mis à prendre un médicament pour arrêter de fumer. Lentement, il a vu ses énergies diminuer encore davantage, au point de ne plus avoir envie de se lever le matin, lui toujours si matinal, passant une bonne partie de la journée au lit. Il s'est mis à broyer du noir (chose qui lui arrivait à l'occasion, de par le passé, mais --- à ma connaissance --- c'était toujours déclenché par un événement externe). Il a éventuellement été pris de crises d'anxiété, sans raison.
Un jour, en prenant son café, il s'est demandé: "Si je me suicidais, comment je m'y prendrais?"
Allant à la pharmacie, la dame au comptoir lui a demandé comment ça allait, avec ses médicaments. Spontanément, il a répondu: "Comment ça va? Vous voulez vraiment l'savoir comment ça va? J'me sens comme d'la marde, pis j'ai envie de m'flusher."
Il y a quelques semaines, n'en ayant pas envie mais ne voyant pas d'autre avenue, il a donc consulté, et s'est fait prescrire des antidépresseurs. Ça ne fait pas encore effet. Il n'a toujours pas d'énergie, a toujours le moral à terre, n'est plus capable de se concentrer.
"C'est comme si je me voyais dépérir, conscient d'être en train de perdre mes forces, physiques autant que mentales," m'a-t-il dit, dans ses mots. Je sens qu'il sent que la fin est proche, et que ça soit vrai ou pas, ça n'a pas d'importance: il souffre, sa paix d'esprit s'est volatilisée, et moi je souffre de le voir ainsi.
Mon père est déprimé. Suicidaire, même. Je ne l'aurais pas crû. Il a toujours été si maître de lui-même, si terre à terre et si profondément hippie en même temps, si stable dans ses entêtements, ses convictions et ses angles morts. Le voilà fragilisé, désemparé, en proie à une détresse déconcertante qu'il est incapable de réprimer, y étant si peu habitué.
Ça fait plusieurs années que ça ne va pas bien. Complètement terrassé par une maladie rare, il s'est lentement remis, affaibli mais toujours déterminé. Il ne s'est pas laissé abattre par ce rappel indéniable de son vieillissement et de son éventuelle mortalité.
Il y a quelques mois, il s'est mis à prendre un médicament pour arrêter de fumer. Lentement, il a vu ses énergies diminuer encore davantage, au point de ne plus avoir envie de se lever le matin, lui toujours si matinal, passant une bonne partie de la journée au lit. Il s'est mis à broyer du noir (chose qui lui arrivait à l'occasion, de par le passé, mais --- à ma connaissance --- c'était toujours déclenché par un événement externe). Il a éventuellement été pris de crises d'anxiété, sans raison.
Un jour, en prenant son café, il s'est demandé: "Si je me suicidais, comment je m'y prendrais?"
Allant à la pharmacie, la dame au comptoir lui a demandé comment ça allait, avec ses médicaments. Spontanément, il a répondu: "Comment ça va? Vous voulez vraiment l'savoir comment ça va? J'me sens comme d'la marde, pis j'ai envie de m'flusher."
Il y a quelques semaines, n'en ayant pas envie mais ne voyant pas d'autre avenue, il a donc consulté, et s'est fait prescrire des antidépresseurs. Ça ne fait pas encore effet. Il n'a toujours pas d'énergie, a toujours le moral à terre, n'est plus capable de se concentrer.
"C'est comme si je me voyais dépérir, conscient d'être en train de perdre mes forces, physiques autant que mentales," m'a-t-il dit, dans ses mots. Je sens qu'il sent que la fin est proche, et que ça soit vrai ou pas, ça n'a pas d'importance: il souffre, sa paix d'esprit s'est volatilisée, et moi je souffre de le voir ainsi.
"33 ans... t'es chanceux, mon gars... c'est un bel âge..." m'a-t-il dit; je me suis retenu pour ne pas lui dire que moi aussi je me sens dépérir, moi aussi je sens que je suis fragile et vulnérable et sur une pente descendante. Une fois de plus, je me suis retenu.
[22 mars 2008, 12:15 am]
P.S.: Le soir où il est venu chez moi, il nous a prêté une copie du film Across the Universe, nous le recommandant avec enthousiasme. Nous venons de le regarder, et ça me laisse perplexe. De toute évidence, quoique j’aie apprécié plusieurs aspects du film, j'ai le cerveau trop surchauffé pour être capable de me laisser aller à ce genre de conte de fée. Et c’est ce qui me frappe: que l’enthousiasme de mon père, que j’ai toujours connu comme quelqu’un de pragmatique et de vaguement réfractaire au sentimentalisme, soit dirigé si sincèrement vers ce qui, de par son essence même, est un conte, une romance. Je ne sais pas trop ce que je dis, je suis confus, mais il fallait que j'essaie de l’articuler.
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