C'est le Brouillard complet, ce qui donne toutes les latitudes à l'Imagination, qui pour moi est Toute-Puissante, Surnaturelle, Totale, Gouvernail de mes nuits et Baluchon de mes jours. La Palette est variée, si variée, je ne peux jamais être en terrain connu, me fier à mon expérience, être sûr de moi. Une vie entière dans les souliers du Perdu. Mais je l'accepte et (j'ose espérer) en tire profit.
Ça va de "Noir Néant" à "Lumineux Désintégrant". Il y a de tout. Et l'équivalence objective de ces États demeure une de mes pseudo-certitudes.
Or (or des fous) depuis deux semaines, je suis heureux de constater que ce n'est pas la Noirceur qui domine. Ça prend plusieurs formes, assauts d'une fulgurance schizophrénique qui est difficile à absorber mais --- encore une fois --- je l'accepte. Même quand ça veut dire que les larmes coulent sur mes joues jusqu'à ma barbe, aux yeux de tous les passagers de l'autobus 705 qui me ramène dans ce logis de Sorel-Tracy pour lequel j'ai signé mon âme au Diable.
Non, même si c'est la douleur qui quémande mon attention avec le plus d'insistance, même si il y a des moments où tout est Blessure, ce n'est pas elle qui est souveraine. J'ai confiance. En moi, en toi ma très chère Bellamie, en nous, en tout. Je sais que peu importe ce qui arrivera, peu importe ce qui me tombera dessus mercredi prochain, ce sera pour le mieux et je survivrai et mon apprentissage en sera gratifié. Et la colère ne fera pas partie de ce que je suis (je n'ai même pas à fournir d'efforts pour la repousser, elle glisse sur moi). Et l'amertume ne sera pas l'aboutissement de ma démarche. Et l'Amour persistera, vulnérable mais néanmoins d'une puissance stupéfiante, irréductible, indéniable. Et à travers tout ça, plus souvent qu'autrement, c'est à ta souffrance que je pense, et elle me donne envie de pleurer tout autant que la mienne. J'espère, j'espère, que tu ne souffres pas trop, et que tu auras la sagesse de te diriger vers ce qui est le mieux pour toi.
Quant à moi... je n'en sais rien. J'improvise, comme toujours. Et je gaffe, comme toujours. Mais j'espère... que je vais être encore en mesure de fixer tes yeux, d'admirer la lumière sur ta chevelure, d'écouter ton âme incomparable. J'espère... que je ne t'ai pas fait de mal. J'espère... que tu ne regretteras pas notre rencontre, et tout ce qui s'en est suivi. J'espère, et espère, et ne désespère pas. Tu te rends compte: je ne désespère pas.
Et c'est encore avec une gratitude à m'en briser le coeur que je repense à ces moments que j'ai passé avec toi, et à tout ce que tu as partagé avec moi.
Je suis prêt à tout, à toutes les éventualités et à tous les destins, mais j'ai confiance.