26 septembre 2006

En vrac

TIDELAND, de Terry Gilliam

J’ai triché. Ça faisait trop longtemps que j’attendais. Et puis à sa sortie, au mois d’octobre, je doute fort d’être capable de me libérer quelques heures pour aller le voir (entre le travail, les enfants, les soins à la maman enceinte et le ménage, il ne me reste plus beaucoup de temps ou d’énergie… des plans pour m’endormir dans le cinéma). Alors voilà. Je l’ai trouvé, un rip presque parfait probablement tiré du DVD qui est sorti (légalement) en Russie.

Que dire? C’est le film que j’attendais, mais en même temps je ne m’y attendais pas. C’est fort probablement le plus triste de tous ses films (mais peut-être que je me dirais la même chose si je revoyais Brazil, The Fisher King, 12 Monkeys). Ici, rien, sauf l’Imagination, dénuée de son potentiel rédempteur ou psychotique. L’Imagination, pure, pleine de souffrance et de la plus sublime des incertitudes. Tout bascule, tout penche, tout chavire, et le son qui sort de la bouche est tout de même plus près du rire que du cri. La plupart du temps.

Je l’ai regardé deux fois, déjà, et je sens que je ne suis pas près de m’en lasser ou d’en être insensible. C’est trop près de moi, la lame tranche jusqu’à l’os.

Je n’ose pas trop en dire, de peur de gâcher quoi que ce soit pour vous qui peut-être le verront, alors je vais m’arrêter ici.
* * *

Je baigne dans les films, ces temps-ci. Baraka, Latcho Drom, Rushmore, Napoleon Dynamite, Buffalo 66, Tideland, Shadow of a Doubt, tous ils m’ébranlent et m’éblouissent… c’est à se demander si je suis encore capable de m’ennuyer devant un film. J’ai peut-être perdu tout sens critique. Quelle joie si c’était vrai. Quoi de plus triste que de ne plus être capable d’aimer quoi que ce soit?

Prochainement: Les Ailes du Désir (trop hâte de revoir Nick Cave & the Bad Seeds faire The Carny), Waking Life, Céline et Julie vont en bateau (la description que Jonathan Rosenbaum en faisait dans son livre Placing Movies -- The Practice of Film Criticism avait réellement piqué ma curiosité), Trust (de Hal Hartley, film que j’ai vu à Lyon en 1996 et qui m’avait fait un drôle d’effet), The Proposition (un autre film que j’attends depuis longtemps, qui vient de sortir en DVD, écrit et mis en musique par Nick Cave), Prospero’s Books, El Topo. Et cetera.
* * *

Je salue ici Jean-Philippe Morin (si tu le veux bien, je cesserai de t’appeler "Darnziak", puisque tu as déjà manifesté le désir de t’éloigner de ce pseudonyme, et que moi-même j’ai une aversion assez prononcée envers les pseudonymes, alias, noms de plume et autres cachoteries), dont c’est l’anniversaire cette semaine, et dont la dernière entrée de blog, appelée "Qu'est-ce que tu veux faire, quand tu seras grand?", m’a touché comme lui seul semble le faire.

Tout est dans cette phrase: "On dirait parfois que je ne veux plus rien. Je perds le cap, je me perds dans des bancs de brouillards. Pour moi, la fin de la vingtaine ressemble à un interminable banc de brouillard. Tout est devenu blanc, je ne vois plus rien."

À 31 ans, il me semble que je commence à peine, peut-être, à sortir de ce brouillard qui m’est si familier. La Blancheur me guette toujours.

5 Commentaires:

Louise said...
Bonjour Simon,

Tu vois, moi, le cinéma, ça ne me branche presque plus, sans doute parce que j'en ai trop vu depuis le temps où je restais à la maison à visionner comme tu le fais unpaquet de films qui nous évadent de notre quotidien . Mais ça demeure quand même la plus belle évasion je pense quand la jeune famille nous retient plus à la maison qu'ailleurs. Il est vrai que j'ai beaucoup plus de temps à accorder aux sorties LIVE..La vie passe par là, sous nos yeux réels, dans ces salles de concerts, de théâtre, de jeux, dans les bars où tu peux parfois y voir s'y dérouler des scènes que t'auras jamais même vues dans le meilleur des films de Gilliam..;-) Je te dis pas ça pour que tu te mettes à sortir et à négliger ta famille, non, mais de temps en temps, voir un Artiste exécuter son art en plein vol, en plein chant, ou en pleine parole, a de quoi venir satisfaire l'Inspirée que je demeure et lui faire déverser des torrents de mots nouveaux....Voilà, tu vois, il suffisait que tu écrives ces mots-là pour que je le sois encore une fois... J'aime toujours quand tu écris.

Étrange, je t'ai écrit un commentaire, et ça affiche 0, mais on le voit quand même..je réessaie.

Merci Simon, c'est gentil. J'ai parfois l'impression que les choses devraient s'éclaircir, passé 30 ans, je ne sais pas pourquoi. On en reparlera...

(Pour ce qui est de Darnziak, je suis enregistré sur blogger avec ce nom alors je dois bien assumer que ce soit mon « nom » sur le net... mais ce n'est pas un pseudonyme, c'est certain).

Louise said...
Bonne Fête encore cher DARNZIAK...;-)

Simon said...
Louise: D’abord, si je regarde des films ce n’est pas pour "m’évader de mon quotidien". Je trouve que c’est une mauvaise façon d’aborder la chose. Je ne cherche pas à fuir, je cherche à connaître. Je ne cherche pas à oublier, je cherche à comprendre.

L’Imaginaire fait partie de mon quotidien; c’est peut-être pour ça que je n’aborde pas ça ainsi.

Je ne me sens pas du tout "retenu" par ma famille. Mes enfants, ma Compagne, l’Imagination, c’est un tout dont je ne saurais me passer. Le cinéma est une nourriture, au même titre que la lecture et la musique. Même chose pour les histoires que j'écris. Ça enrichi mon quotidien. Ça lui est parallèle et non perpendiculaire. Jamais je ne réussis à m’évader de ma tête. Bien chanceux ceux qui en sont capables. Et puis je regarde des films dans mes longs trajets d’autobus et pendant mes longs trajets de vaisselle, question d'optimiser le peu de temps que j’ai.

Je suis conscient de la magie d’un événement "live"... j’aurais d’ailleurs beaucoup aimé voir Silver Mount Zion, le 5 septembre dernier, mais j’ai tout de même pu écouter ce que ça a donné (merci à la personne qui a enregistré le show), et comme ça, comme un fantôme, j’ai l’impression d’avoir été là, un peu.

Jean-Philippe : Oui, on en reparlera, j’aimerais ça.

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