7 août 2006

Réponse à la question: "Pourquoi?"

[Voir les commentaires de ma dernière note ici.]
Pourquoi? Pourquoi est-ce que je trouve que le fait que j'écrive (ou non) n'a aucune importance? Je pourrais y aller de longues démonstrations (ce à quoi je me suis essayé, soit dit en passant, sans trop de succès), mais je préfère illustrer le tout par un exemple.

Vendredi passé. Fracture dans la routine. Je me rends au travail plus tard qu'à l'habitude, après les heures des autobus express que je prends habituellement. Le trajet est plus long, ma tasse de café est pleine, le soleil brille, je suis seul dans le fond du véhicule, le vent souffle et dissipe la chaleur. Je sors mon carnet. Je me mets à écrire (exploration à la verticale d'un épisode précis et ciblé du chapitre 9 de mon sempiternel roman). J'ai du plaisir, je flotte, le Présent a du Sens (Simon / en route vers le travail / solitude / écriture / amour pour sa famille).
Une heure plus tard, je suis au travail, la routine s'est réajustée autour de moi. Mon cœur n'est pas plus léger pour avoir écrit; je ne me suis pas "défoulé" (je ne suis toujours pas certain de comprendre le sens réel de ce concept); mon carnet a quelques lignes de plus; mon cerveau a un souvenir lumineux de plus à oublier. Si je suis chanceux, deux personnes liront ce passage: peut-être mon amie M. (qui ne s'intéresse à Marla & Philippe que parce que c'est une extension de son Ami Simon), peut-être L. (qui a un intérêt démesuré pour un correspondant appelé Simon). Peut-être aussi un de mes enfants, dans 30 ou 40 ans, alors qu'on passera à travers mes carnets pour essayer de comprendre ce père invisible.
Que j'aie écrit ou pas, en ce vendredi 4 août 2006, ne changera rien à rien. À long terme, ça ne change rien non plus. Je ne finirai jamais M&P; ce n'est pas quelques lignes de plus qui changeront quoi que ce soit à cette fatalité inéluctable. Personne ne comprendra jamais où je voulais en venir.
Pour résumer, donc: ça ne me fait pas de bien réel, autrement que dans le microcosme appauvri et limité du Moment Présent (fuck you carpe diem); ça ne fait rien avancer, ça ne règle rien, et ça ne touche personne. L'histoire m'habite, mais l'extériorisation de cette histoire… c'est complètement accessoire. Voilà pourquoi je dis que ça n'a aucune importance. Je le fais parce que j'aime ça. C'est tout.
"Smile: no one cares how you feel"
--- The Gothic Archies

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