Un mois plus tard, me revoilà fermement chaussé de mes souliers de travailleur. Les circonstances font qu'une fois de plus j'ai le temps, la poussée psychique, de Décrire ce que je Vois. Je choisis une fois de plus de le faire sous l'optique de l'Été.
Dans le fleuve, les algues abondent, profitant de la chaleur pour étendre leur Domination sur les basses profondeurs de ce grand cours d'eau. Sur terre, le Maïs est roi, il explose en épis, et ces épis --- qu'ils soient destinés aux Bêtes Bovines ou aux Bêtes Humaines --- ne pourraient pas avoir meilleur goût. (J'en mange sans me lasser, y trouvant l'essence même de la saison, mais étant simultanément amené à penser à l'automne, où les épis deviendront décoratifs.)
L'Été, au mois d'août, ça commence à ressembler à ce que ça serait si c'était notre unique saison.
Les Innocents --- Bénis par leur Handicap --- y voient l'Éternel et Inchangeable moment présent, le feront encore demain, et dans un mois, encore et encore, jusqu'à ce qu'ils perdent l'innocence et ne pensent plus qu'au Futur. Si j'étais définitivement libéré de cette nécessité de Travailler, je pourrais retrouver une partie de cette innocence, être capable de voir un Tout dans le Ratio, regarder la colline pour ce qu'elle est et non pour ce qu'il y a derrière.
Les soirées estivales me le soufflent à l'oreille… me le laissent deviner… me laissent croire à ce qui pourrait être, alors que jadis mon cerveau étouffait dans toutes ces choses qui pourraient être.
Le jaune du soleil qui se couche: une constante qui dans l'histoire personnelle de n'importe quel individu se rattache presque exclusivement qu'à des bons souvenirs. (Même si je repense à ce Jour Funeste où je me suis écroulé, en 1994, il y avait eu avant la Chute un merveilleux moment sur le Pain de Sucre du Mont St-Hilaire, mangeant des noix d'acajou et regardant le soleil --- et ma jeunesse --- se coucher.)
Pour plusieurs, c'est l'heure de la relaxation dans le jardin et les plates bandes, extirpant les mauvaises herbes, arrosant les diverses plantes, et zieutant la progression des légumes dans le potager. C'est l'heure des parties de baseball pour ces adultes costumés qui se prennent bien au sérieux. (Je pense qu'il n'y aurait eu que Jack pour me faire aimer ce jeu.) D'autres tondent leur pelouse, ayant préféré remettre cette corvée au lundi soir plutôt que d'y sacrifier une portion de leur fin de semaine. (Et je peux concevoir un certain plaisir à le faire tranquillement, paisiblement, réchauffé par cette belle lumière jaune de fin de soirée.)
D'autres pauvres connards comme moi viennent juste de sortir du travail, ont manqué le trois quart du seul 8 août 2005 qu'ils vivront, et n'en retiendront béatement que ce BEAU / SOLEIL / JAUNE.
Rêver de monter dans un arbre et --- seul --- d'y rêver; de manger une crème glacée dans un lieu qui n'est pas le nôtre (au coin de la rue ou chez un ami); de jouer une partie de badminton avec ma sœur, jouissant de ma sobriété au lieu de chercher à m'en débarrasser; jouer au parc (enfance) ou y fumer un joint (adolescence) ou y jouer avec mes enfants (âge adulte); faire un feu, et m'abandonner aux braises primordiales; déclencher mon imaginaire dans cette lumière, soit en lisant, soit en me tapant une partie de jeu de rôles ou vidéo, soit en allant finir la soirée au ciné-parc (ce que je n'ai pas fait depuis presque deux décennies). Rêver, rêver, il n'y a que ça, je ne veux que ça, seul ou avec des Êtres Aimés.
Le personnel prend le dessus sur l'observation. La rêverie, l'introspection mélancolique, c'est ça, aussi, le mois d'août.
Des centaines de maison qui défilent devant mes yeux, et je ne vois presque personne profiter de leur terrain. Sont-ils tous connectés à l'intraveineuse de leurs écrans? Je ne vois que des Jardineux, mais eux aussi manquent la Descente de l'Astre. Ils s'affairent, sérieux, sérieux toujours, trop sérieux. Quelques losers qui gossent après leur bateau. Un camp de vacances, une trentaine de fillettes qui s'amusent. Ça me remonte le moral de savoir que certains en profitent. On les oblige à en profiter! Des animateurs sont là pour surveiller, et s'assurer qu'elles ne pourront pas s'ennuyer deux secondes, même si elles en ont envie.
Le Doré est de plus en plus intense, le Soleil voyant ses carats prendre de la valeur à chaque instant qui passe.
Où sont les camions de crème glacée?
Dans le fleuve, les algues abondent, profitant de la chaleur pour étendre leur Domination sur les basses profondeurs de ce grand cours d'eau. Sur terre, le Maïs est roi, il explose en épis, et ces épis --- qu'ils soient destinés aux Bêtes Bovines ou aux Bêtes Humaines --- ne pourraient pas avoir meilleur goût. (J'en mange sans me lasser, y trouvant l'essence même de la saison, mais étant simultanément amené à penser à l'automne, où les épis deviendront décoratifs.)
L'Été, au mois d'août, ça commence à ressembler à ce que ça serait si c'était notre unique saison.
Les Innocents --- Bénis par leur Handicap --- y voient l'Éternel et Inchangeable moment présent, le feront encore demain, et dans un mois, encore et encore, jusqu'à ce qu'ils perdent l'innocence et ne pensent plus qu'au Futur. Si j'étais définitivement libéré de cette nécessité de Travailler, je pourrais retrouver une partie de cette innocence, être capable de voir un Tout dans le Ratio, regarder la colline pour ce qu'elle est et non pour ce qu'il y a derrière.
Les soirées estivales me le soufflent à l'oreille… me le laissent deviner… me laissent croire à ce qui pourrait être, alors que jadis mon cerveau étouffait dans toutes ces choses qui pourraient être.
Le jaune du soleil qui se couche: une constante qui dans l'histoire personnelle de n'importe quel individu se rattache presque exclusivement qu'à des bons souvenirs. (Même si je repense à ce Jour Funeste où je me suis écroulé, en 1994, il y avait eu avant la Chute un merveilleux moment sur le Pain de Sucre du Mont St-Hilaire, mangeant des noix d'acajou et regardant le soleil --- et ma jeunesse --- se coucher.)
Pour plusieurs, c'est l'heure de la relaxation dans le jardin et les plates bandes, extirpant les mauvaises herbes, arrosant les diverses plantes, et zieutant la progression des légumes dans le potager. C'est l'heure des parties de baseball pour ces adultes costumés qui se prennent bien au sérieux. (Je pense qu'il n'y aurait eu que Jack pour me faire aimer ce jeu.) D'autres tondent leur pelouse, ayant préféré remettre cette corvée au lundi soir plutôt que d'y sacrifier une portion de leur fin de semaine. (Et je peux concevoir un certain plaisir à le faire tranquillement, paisiblement, réchauffé par cette belle lumière jaune de fin de soirée.)
D'autres pauvres connards comme moi viennent juste de sortir du travail, ont manqué le trois quart du seul 8 août 2005 qu'ils vivront, et n'en retiendront béatement que ce BEAU / SOLEIL / JAUNE.
Rêver de monter dans un arbre et --- seul --- d'y rêver; de manger une crème glacée dans un lieu qui n'est pas le nôtre (au coin de la rue ou chez un ami); de jouer une partie de badminton avec ma sœur, jouissant de ma sobriété au lieu de chercher à m'en débarrasser; jouer au parc (enfance) ou y fumer un joint (adolescence) ou y jouer avec mes enfants (âge adulte); faire un feu, et m'abandonner aux braises primordiales; déclencher mon imaginaire dans cette lumière, soit en lisant, soit en me tapant une partie de jeu de rôles ou vidéo, soit en allant finir la soirée au ciné-parc (ce que je n'ai pas fait depuis presque deux décennies). Rêver, rêver, il n'y a que ça, je ne veux que ça, seul ou avec des Êtres Aimés.
Le personnel prend le dessus sur l'observation. La rêverie, l'introspection mélancolique, c'est ça, aussi, le mois d'août.
Des centaines de maison qui défilent devant mes yeux, et je ne vois presque personne profiter de leur terrain. Sont-ils tous connectés à l'intraveineuse de leurs écrans? Je ne vois que des Jardineux, mais eux aussi manquent la Descente de l'Astre. Ils s'affairent, sérieux, sérieux toujours, trop sérieux. Quelques losers qui gossent après leur bateau. Un camp de vacances, une trentaine de fillettes qui s'amusent. Ça me remonte le moral de savoir que certains en profitent. On les oblige à en profiter! Des animateurs sont là pour surveiller, et s'assurer qu'elles ne pourront pas s'ennuyer deux secondes, même si elles en ont envie.
Le Doré est de plus en plus intense, le Soleil voyant ses carats prendre de la valeur à chaque instant qui passe.
Où sont les camions de crème glacée?
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