En dedans tout est Fatigue;
en dehors tout est Tracas;
que peut-il rester
du "meilleur de moi-même"?
* * *
Des journées comme aujourd'hui, je me dis que je ne pourrai pas continuer comme ça pour longtemps. Ça fait déjà cinq ans que j'occupe cet emploi, cinq ans à ne pas aimer ce que je fais.
Aujourd'hui, donc, assis à mon bureau, j'ai eu en Tête un sentiment familier, que je me souviens avoir ressenti --- enfant --- alors que je marchais sur Ste-Catherine avec ma mère, près de l'UQAM (voyant un immeuble où il était écrit "DUPUIS" en grosses lettres, j'associais ce que je voyais à un décor d'album de Gaston Lagaffe, quand ce dernier roule dans une ville sale avec sa bagnole hyper-polluante). Un désespoir sans nom, gris et pluvieux, qui ne laisse aucune place à la Vie humaine. Seulement, enfant, je tombais dans ces poches de désespoir un peu par surprise, et puis ça passait. Mais aujourd'hui j'ai été dans cet état pratiquement toute la journée, ou en tout cas aussi longtemps que j'ai été dans mon bureau (soit d'environ 8h05 jusqu'à 11h35 --- à ce moment là je suis sorti pour aller manger mon lunch avec mon père --- et puis ensuite de 12h25 jusqu'à mon départ vers 16h25).
À la polyvalente j'ai enduré cinq ans et puis ensuite j'ai enduré environ trois ans de Cégep/Université, et puis un peu plus tard environ six mois de rattrapage en mathématiques pour 1 an et demi de cours intensifs en informatique. Et puis cet emploi, qui ne me promet de fuite que dans une trentaine d'années.
Je ne me rendrai pas, je le sens. Impossible, impensable, que je travaille ici (ou ailleurs dans le même domaine) jusqu'à l'âge de 55 ans. Et pourtant, je n'en ai pas le choix. Les obligations financières me gardent prisonnier (je pense à cette image du Christmas Carol de Dickens, où on voit le fantôme enchaîné de Jacob Marley). Dettes étudiantes (les miennes et celles de Mélissa), hypothèque, pesantes cartes de crédit, éternels comptes mensuels, deux enfants… tout ça dépend de mon unique salaire. Mon naufrage, ça serait le naufrage d'une famille complète.
Je ne peux pas flancher. Je ne peux pas continuer. Tout m'est impossible: le recul, l'immobilité, la progression. Ce qu'il me faut c'est une alternative, un univers parallèle, sans quoi l'issue sera imprévue, et ne viendra pas de moi.
en dehors tout est Tracas;
que peut-il rester
du "meilleur de moi-même"?
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Des journées comme aujourd'hui, je me dis que je ne pourrai pas continuer comme ça pour longtemps. Ça fait déjà cinq ans que j'occupe cet emploi, cinq ans à ne pas aimer ce que je fais.
Aujourd'hui, donc, assis à mon bureau, j'ai eu en Tête un sentiment familier, que je me souviens avoir ressenti --- enfant --- alors que je marchais sur Ste-Catherine avec ma mère, près de l'UQAM (voyant un immeuble où il était écrit "DUPUIS" en grosses lettres, j'associais ce que je voyais à un décor d'album de Gaston Lagaffe, quand ce dernier roule dans une ville sale avec sa bagnole hyper-polluante). Un désespoir sans nom, gris et pluvieux, qui ne laisse aucune place à la Vie humaine. Seulement, enfant, je tombais dans ces poches de désespoir un peu par surprise, et puis ça passait. Mais aujourd'hui j'ai été dans cet état pratiquement toute la journée, ou en tout cas aussi longtemps que j'ai été dans mon bureau (soit d'environ 8h05 jusqu'à 11h35 --- à ce moment là je suis sorti pour aller manger mon lunch avec mon père --- et puis ensuite de 12h25 jusqu'à mon départ vers 16h25).
À la polyvalente j'ai enduré cinq ans et puis ensuite j'ai enduré environ trois ans de Cégep/Université, et puis un peu plus tard environ six mois de rattrapage en mathématiques pour 1 an et demi de cours intensifs en informatique. Et puis cet emploi, qui ne me promet de fuite que dans une trentaine d'années.
Je ne me rendrai pas, je le sens. Impossible, impensable, que je travaille ici (ou ailleurs dans le même domaine) jusqu'à l'âge de 55 ans. Et pourtant, je n'en ai pas le choix. Les obligations financières me gardent prisonnier (je pense à cette image du Christmas Carol de Dickens, où on voit le fantôme enchaîné de Jacob Marley). Dettes étudiantes (les miennes et celles de Mélissa), hypothèque, pesantes cartes de crédit, éternels comptes mensuels, deux enfants… tout ça dépend de mon unique salaire. Mon naufrage, ça serait le naufrage d'une famille complète.
Je ne peux pas flancher. Je ne peux pas continuer. Tout m'est impossible: le recul, l'immobilité, la progression. Ce qu'il me faut c'est une alternative, un univers parallèle, sans quoi l'issue sera imprévue, et ne viendra pas de moi.
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