Je ne suis pas un homme désespéré, mais je suis sans espoirs.
Pas d'espoir de terminer mon roman, de le publier (et donc manque de motivation de l'écrire juste pour moi, comme jadis). Pas d'espoir de me sortir de mon emploi que je déteste, de la lutte quotidienne pour l'argent. Pas d'espoir d'harmonie familiale, ou même de chaleur familiale. Pas d'espoir que Mélissa et moi devenions plus proches l'un de l'autre. Pas d'espoir de retrouver l'amitié avec qui que ce soit. Pas d'espoir de voyager un jour comme je le veux (c'est-à-dire avec errance, avec introspection et observation calme, sur des longues périodes de temps). Pas d'espoir d'atteindre la sérénité. Pas d'espoir de nouvelles relations amoureuses (parce que je suis fidèle, que jamais je ne demanderai le divorce, mais --- surtout --- parce que je suis complètement incapable d'offrir quoi que ce soit à une femme… demandez à Mélissa… si elle est honnête avec vous elle vous le dira). Pas d'espoir d'habiter un jour la maison de mes rêves (une maison assez vieille, avec grenier et foyer, où je pourrais avoir une grande bibliothèque, sur un terrain presque forêt, où je ne vois aucuns voisins, avec un petit ruisseau). Pas d'espoir d'établir avec mes enfants une relation qui serait à la hauteur de mes attentes, de mes capacités (ne pouvant pas passer suffisamment de temps avec eux, tout simplement). Pas d'espoir d'accomplissement, d'épanouissement.
Une vie de travail, de consommation ponctuelle et répétitive, de remboursement de dettes diverses et variées et multiples (processus indiciblement lent), de fatigue constante et de plus en plus abrutissante, avec des passions (lecture, écriture, cinéma, musique) qui --- faute de pouvoir y consacrer mon Plein Cerveau --- ne sont finalement que des évasions divertissantes; et puis des enfants que je ne connaîtrai pas à l'âge où il est encore possible de le faire, et puis qui quitteront ma maison, et deviendront --- comme ça le fait avec tous ceux qui me côtoient --- des Étrangers; des bonnes volontés jadis irréductibles, lentement érodés par l'épuisement et le manque de reconnaissance; une vie de silence, d'abnégation involontaire, à me sacrifier pour ma famille, jusqu'à ce qu'elle n'ait plus besoin de moi, et qu'alors je meurs; de la rage, à cause de ma propre impuissance, mais aussi (surtout) à cause de tous les Charlatans (Marchands & Prêtres & Ministres & Savants & Artistes) que je vois à l'œuvre autour de moi.
SUICIDE, quand vas-tu me laisser tranquille? Ça fait dix ans, peut-être même plus, que tu me harcèles; ne vas-tu pas un jour cesser de t'abattre sur moi quand je suis le plus vulnérable?
Ça fait des semaines que j'aurais dû aller me faire couper les cheveux. Ça fait longtemps que je ne les ai pas eu aussi longs.
Hier, en apercevant mon reflet dans la fenêtre de l'autobus, j'ai trouvé que j'avais des airs d'Amérindien. Il est vrai que j'ai des ancêtres Hurons en quelque part dans la moitié paternelle de mon arbre généalogiques (et il ne s'agit là que ce dont je suis au courant, j'ai probablement du sang amérindien du côté de ma mère aussi), mais c'est la première fois que j'en voyais des manifestations dans mon propre visage.
Ensuite, marchant vers chez moi, je pensais à ce que ça peut révéler sur moi, ce que ça peut expliquer ou renseigner… mon détachement (voire mon allergie) face aux Ambitions de la Civilisation où j'ai vu le jour, mon amour de la Nature et mon incompatibilité avec la Ville, mon attitude face à l'expérience de la drogue (un rituel de shaman qui ne doit pas devenir un geste routinier, qui doit rester sacré). Si tel était mon désir, je pourrais tout réexaminer ma vie par cette optique, et adopter pleinement mon "identité amérindienne". Mais ça serait de l'appropriation mensongère, de la récupération ancestrale, et --- ultimement, tout jugement moral ou éthique mis à part --- une perte de temps. Je suis un québécois, un canayien-frança, et par définition ça implique du métissage en quelque part chez mes ancêtres. Je ne suis pas différent ou distinct ou spécial pour autant.
Si seulement tout le monde comprenait cette réalité intrinsèque… on traiterait mieux nos autochtones, et on serait peut-être un peu moins moralement myope.
On commence à mourir quand on adopte de notre plein gré une existence qui ne nous ressemble pas.
En fin de semaine, mon petit carnet de poche est tombé derrière ma table de nuit, et je ne l'ai toujours pas récupéré. Cette situation aurait été impensable il y a deux ans, même un. Révélation par l'Absence.
Ce que ça veut dire? Que je laisse tomber dans l'oubli des dizaines de pensées, de bouts de poèmes, d'idées pour mes histoires. Par hasard, certaines de ces idées me reviennent par la suite, et alors je choisis de les noter (ou pas). La plupart sont cependant perdues à jamais. ET ÇA NE ME DÉRANGE PAS OUTRE MESURE. Ça me trouble et ça m'attriste, mais je laisse les choses aller quand même. Le début de la fin. Si je continue dans cette voie, je n'écrirai probablement plus d'ici quelques années. Comment survivre à ça?
Pas d'espoir de terminer mon roman, de le publier (et donc manque de motivation de l'écrire juste pour moi, comme jadis). Pas d'espoir de me sortir de mon emploi que je déteste, de la lutte quotidienne pour l'argent. Pas d'espoir d'harmonie familiale, ou même de chaleur familiale. Pas d'espoir que Mélissa et moi devenions plus proches l'un de l'autre. Pas d'espoir de retrouver l'amitié avec qui que ce soit. Pas d'espoir de voyager un jour comme je le veux (c'est-à-dire avec errance, avec introspection et observation calme, sur des longues périodes de temps). Pas d'espoir d'atteindre la sérénité. Pas d'espoir de nouvelles relations amoureuses (parce que je suis fidèle, que jamais je ne demanderai le divorce, mais --- surtout --- parce que je suis complètement incapable d'offrir quoi que ce soit à une femme… demandez à Mélissa… si elle est honnête avec vous elle vous le dira). Pas d'espoir d'habiter un jour la maison de mes rêves (une maison assez vieille, avec grenier et foyer, où je pourrais avoir une grande bibliothèque, sur un terrain presque forêt, où je ne vois aucuns voisins, avec un petit ruisseau). Pas d'espoir d'établir avec mes enfants une relation qui serait à la hauteur de mes attentes, de mes capacités (ne pouvant pas passer suffisamment de temps avec eux, tout simplement). Pas d'espoir d'accomplissement, d'épanouissement.
Une vie de travail, de consommation ponctuelle et répétitive, de remboursement de dettes diverses et variées et multiples (processus indiciblement lent), de fatigue constante et de plus en plus abrutissante, avec des passions (lecture, écriture, cinéma, musique) qui --- faute de pouvoir y consacrer mon Plein Cerveau --- ne sont finalement que des évasions divertissantes; et puis des enfants que je ne connaîtrai pas à l'âge où il est encore possible de le faire, et puis qui quitteront ma maison, et deviendront --- comme ça le fait avec tous ceux qui me côtoient --- des Étrangers; des bonnes volontés jadis irréductibles, lentement érodés par l'épuisement et le manque de reconnaissance; une vie de silence, d'abnégation involontaire, à me sacrifier pour ma famille, jusqu'à ce qu'elle n'ait plus besoin de moi, et qu'alors je meurs; de la rage, à cause de ma propre impuissance, mais aussi (surtout) à cause de tous les Charlatans (Marchands & Prêtres & Ministres & Savants & Artistes) que je vois à l'œuvre autour de moi.
SUICIDE, quand vas-tu me laisser tranquille? Ça fait dix ans, peut-être même plus, que tu me harcèles; ne vas-tu pas un jour cesser de t'abattre sur moi quand je suis le plus vulnérable?
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Ça fait des semaines que j'aurais dû aller me faire couper les cheveux. Ça fait longtemps que je ne les ai pas eu aussi longs.
Hier, en apercevant mon reflet dans la fenêtre de l'autobus, j'ai trouvé que j'avais des airs d'Amérindien. Il est vrai que j'ai des ancêtres Hurons en quelque part dans la moitié paternelle de mon arbre généalogiques (et il ne s'agit là que ce dont je suis au courant, j'ai probablement du sang amérindien du côté de ma mère aussi), mais c'est la première fois que j'en voyais des manifestations dans mon propre visage.
Ensuite, marchant vers chez moi, je pensais à ce que ça peut révéler sur moi, ce que ça peut expliquer ou renseigner… mon détachement (voire mon allergie) face aux Ambitions de la Civilisation où j'ai vu le jour, mon amour de la Nature et mon incompatibilité avec la Ville, mon attitude face à l'expérience de la drogue (un rituel de shaman qui ne doit pas devenir un geste routinier, qui doit rester sacré). Si tel était mon désir, je pourrais tout réexaminer ma vie par cette optique, et adopter pleinement mon "identité amérindienne". Mais ça serait de l'appropriation mensongère, de la récupération ancestrale, et --- ultimement, tout jugement moral ou éthique mis à part --- une perte de temps. Je suis un québécois, un canayien-frança, et par définition ça implique du métissage en quelque part chez mes ancêtres. Je ne suis pas différent ou distinct ou spécial pour autant.
Si seulement tout le monde comprenait cette réalité intrinsèque… on traiterait mieux nos autochtones, et on serait peut-être un peu moins moralement myope.
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On commence à mourir quand on adopte de notre plein gré une existence qui ne nous ressemble pas.
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En fin de semaine, mon petit carnet de poche est tombé derrière ma table de nuit, et je ne l'ai toujours pas récupéré. Cette situation aurait été impensable il y a deux ans, même un. Révélation par l'Absence.
Ce que ça veut dire? Que je laisse tomber dans l'oubli des dizaines de pensées, de bouts de poèmes, d'idées pour mes histoires. Par hasard, certaines de ces idées me reviennent par la suite, et alors je choisis de les noter (ou pas). La plupart sont cependant perdues à jamais. ET ÇA NE ME DÉRANGE PAS OUTRE MESURE. Ça me trouble et ça m'attriste, mais je laisse les choses aller quand même. Le début de la fin. Si je continue dans cette voie, je n'écrirai probablement plus d'ici quelques années. Comment survivre à ça?