J'ai mentionné que j'écrivais. Voici un extrait d'un message à mon amie M. qui date du mois passé, où j'essayais de lui expliquer la place de l'écriture dans ma vie, et les origines de cette obsession chez moi.
* * * *
>Au fond, tu le sais pourquoi tu fais ça Simon. Ne le perd pas de vue.
Non, justement, des fois je ne le sais plus. Parce que, m'enfonçant dans la merdouille que tu sais, je n'y vois que du négatif... des résultats qui ne me font pas souvent plaisir, personne qui ne lit ce que ça donne, un isolement à tous les niveaux que PERSONNE n'arrive à comprendre complètement, et qui ne simplifie jamais ma relation avec les gens.
En fait, tu as raison, je sais pourquoi je le fais... pour la même raison que je ne me suicide pas: je n'ai qu'une seule vie à vivre. Cette résolution de vivre, est indissociable de la résolution d'écrire. Et vice-versa. C'est désespéré et désespérant, mais je préfère ça aux Mensonges et je préfère ça à l'Abandon. Fuck, je n'ai rien pour te remonter le moral, n'est-ce pas?
*Pour toi, je crois que l'écriture signifie beaucoup, qu'elle est ancrée au plus profond de toi. Je me trompe?
Non, tu as raison, même si je ne pourrais pas exactement t'expliquer pourquoi, pas de manière à ce que tu comprennes tout de suite. Mais je vais essayer...
J'écris parce que... parce que j'ai pendant des années cultivé mon imagination, et puis qu'un jour (en quelque part dans mes études Secondaires) on m'a fait comprendre que je devais arrêter. J'ai donc arrêté de l'extérioriser... j'ai continué d'avancer dans cette voix, mais en creusant un Tunnel au lieu de taper un Sentier. Tout est devenu secret, intériorisé, mais tout a continué. J'ai continué de lire mes livres, me disant que je me foutais d'être seul si je pouvais continuer à faire ce que je voulais dans ma chambre, chez moi. Et puis --- chose à laquelle on ne m'avait pas suffisamment préparé --- on m'a dit que je devais me choisir une carrière. Je n'avais pas le choix, je devais choisir, le plus vite possible, awèye dépêche le twit. J'étais alors en secondaire 5, tout ce que je savais c'est que j'aimais lire... et puis j'ai dû écrire une nouvelle pour mon cours de français, j'ai écrit mon histoire de vampire (Qui A Bu Boira), et puis il y a eu un genre de petit concours d'organisé par le prof, et la moitié de la classe a voté pour ma nouvelle. L'étonnement le plus complet. Sans le savoir, je portais en moi une certaine capacité de création. Voilà qui me laissait songeur. Devenir écrivain... wow, se pourrait-il qu'un rejet comme moi puisse se forger une place dans cette Vie? J'ai donc choisi d'aller en Lettres au Cégep, et puis --- le temps d'une session --- à l'Université en Études Littéraires, et j'ai écrit, profitant de la relative liberté dont je disposais. Et puis j'ai compris que je n'avais pas ce qu'il fallait pour me tailler une place dans ce "Marché", alors j'ai tout foutu ça là, ne gardant qu'une chose: le besoin et la pulsion d'écrire. Je n'allais plus à l'école, je ne travaillais pas, je n'avais pas de copine, je n'avais que mes livres, dans ma chambre. Des fois je sortais pour manger, pour aider ma mère avec quelque chose. J'ai profité de cette tranquillité, n'y voyant rien de mal mais sentant que ça inquiétait mes proches. Alors, voulant quitter ce contexte qui devenait étouffant à cause des attentes que les autres avaient de moi, je suis parti en voyage [en France]. Un voyage, un homme seul, une envie d'écrire, j'avais tout ce que je voulais mais j'avais une chose en plus: une lucidité implacable. Je voyais le luxe inhérent de ma situation, et je constatais ô combien clairement que je devrais éventuellement faire un choix. J'avais trouvé ma Voix Sacrée, mais --- parce que Sacrée --- elle était impossible à rentabiliser. Je devais donc me trouver un gagne-pain pour subvenir à mes besoins, ce qui me permettrait de m'embarquer dans cette grande aventure de l'Art. Quelques mois plus tard, je suis donc revenu. J'ai alors décidé de tirer profit de ma seule "habileté": cette bonne capacité à maîtriser les concepts informatiques (capacité découlant directement du fait que je suis un bon lecteur). Encore des études... et puis la rencontre de Mélissa [ma Compagne], rencontre complètement imprévue (et à laquelle je ne m'étais pas du tout préparé, puisque ne croyant pas à la possibilité pour moi de me trouver quelqu'un). Consolidation de cette relation. Et puis je me suis mis à travailler, ayant complètement sous-estimé le fardeau qu'un tel emploi pourrait représenter pour moi, et pour mon ambition d'écriture. Cinq ans plus tard, j'en suis là, ma "vie conventionnelle" avance à bon train, je gagne ma vie et je suis parent et j'ai une maison, mais ma "vie intérieure", elle, se meure. Je nourris le feu de temps en temps, et puis ça ne me réchauffe pas mais je me dis que tant qu'il brûle il n'est pas illégitime pour moi de continuer d'en parler. Et je contemple cette longue démarche avec ironie, avec un brin d'amertume. Parce que ce qui me fait vivre le plus (la Création et l'État d'Esprit dans lequel ça m'élève) doit être réprimé. Parce que je vois ce qu'ont pu accomplir certains artistes qui y ont consacré toute leur vie, et que moi --- ne pouvant pas le faire --- je vais donc demeurer un amateur dilettante et un peu grossier. Malgré toutes les bénédictions que ma vie contient (ma famille, mes enfants, ma prospérité d'occidental, etc.) je ne peux pas m'empêcher de trouver qu'elle est gâchée, et il n'y a rien que je peux y faire. Rien, sauf continuer d'écrire, aveuglément, avec névrose et obsession, dans le noir.
Non, justement, des fois je ne le sais plus. Parce que, m'enfonçant dans la merdouille que tu sais, je n'y vois que du négatif... des résultats qui ne me font pas souvent plaisir, personne qui ne lit ce que ça donne, un isolement à tous les niveaux que PERSONNE n'arrive à comprendre complètement, et qui ne simplifie jamais ma relation avec les gens.
En fait, tu as raison, je sais pourquoi je le fais... pour la même raison que je ne me suicide pas: je n'ai qu'une seule vie à vivre. Cette résolution de vivre, est indissociable de la résolution d'écrire. Et vice-versa. C'est désespéré et désespérant, mais je préfère ça aux Mensonges et je préfère ça à l'Abandon. Fuck, je n'ai rien pour te remonter le moral, n'est-ce pas?
*Pour toi, je crois que l'écriture signifie beaucoup, qu'elle est ancrée au plus profond de toi. Je me trompe?
Non, tu as raison, même si je ne pourrais pas exactement t'expliquer pourquoi, pas de manière à ce que tu comprennes tout de suite. Mais je vais essayer...
J'écris parce que... parce que j'ai pendant des années cultivé mon imagination, et puis qu'un jour (en quelque part dans mes études Secondaires) on m'a fait comprendre que je devais arrêter. J'ai donc arrêté de l'extérioriser... j'ai continué d'avancer dans cette voix, mais en creusant un Tunnel au lieu de taper un Sentier. Tout est devenu secret, intériorisé, mais tout a continué. J'ai continué de lire mes livres, me disant que je me foutais d'être seul si je pouvais continuer à faire ce que je voulais dans ma chambre, chez moi. Et puis --- chose à laquelle on ne m'avait pas suffisamment préparé --- on m'a dit que je devais me choisir une carrière. Je n'avais pas le choix, je devais choisir, le plus vite possible, awèye dépêche le twit. J'étais alors en secondaire 5, tout ce que je savais c'est que j'aimais lire... et puis j'ai dû écrire une nouvelle pour mon cours de français, j'ai écrit mon histoire de vampire (Qui A Bu Boira), et puis il y a eu un genre de petit concours d'organisé par le prof, et la moitié de la classe a voté pour ma nouvelle. L'étonnement le plus complet. Sans le savoir, je portais en moi une certaine capacité de création. Voilà qui me laissait songeur. Devenir écrivain... wow, se pourrait-il qu'un rejet comme moi puisse se forger une place dans cette Vie? J'ai donc choisi d'aller en Lettres au Cégep, et puis --- le temps d'une session --- à l'Université en Études Littéraires, et j'ai écrit, profitant de la relative liberté dont je disposais. Et puis j'ai compris que je n'avais pas ce qu'il fallait pour me tailler une place dans ce "Marché", alors j'ai tout foutu ça là, ne gardant qu'une chose: le besoin et la pulsion d'écrire. Je n'allais plus à l'école, je ne travaillais pas, je n'avais pas de copine, je n'avais que mes livres, dans ma chambre. Des fois je sortais pour manger, pour aider ma mère avec quelque chose. J'ai profité de cette tranquillité, n'y voyant rien de mal mais sentant que ça inquiétait mes proches. Alors, voulant quitter ce contexte qui devenait étouffant à cause des attentes que les autres avaient de moi, je suis parti en voyage [en France]. Un voyage, un homme seul, une envie d'écrire, j'avais tout ce que je voulais mais j'avais une chose en plus: une lucidité implacable. Je voyais le luxe inhérent de ma situation, et je constatais ô combien clairement que je devrais éventuellement faire un choix. J'avais trouvé ma Voix Sacrée, mais --- parce que Sacrée --- elle était impossible à rentabiliser. Je devais donc me trouver un gagne-pain pour subvenir à mes besoins, ce qui me permettrait de m'embarquer dans cette grande aventure de l'Art. Quelques mois plus tard, je suis donc revenu. J'ai alors décidé de tirer profit de ma seule "habileté": cette bonne capacité à maîtriser les concepts informatiques (capacité découlant directement du fait que je suis un bon lecteur). Encore des études... et puis la rencontre de Mélissa [ma Compagne], rencontre complètement imprévue (et à laquelle je ne m'étais pas du tout préparé, puisque ne croyant pas à la possibilité pour moi de me trouver quelqu'un). Consolidation de cette relation. Et puis je me suis mis à travailler, ayant complètement sous-estimé le fardeau qu'un tel emploi pourrait représenter pour moi, et pour mon ambition d'écriture. Cinq ans plus tard, j'en suis là, ma "vie conventionnelle" avance à bon train, je gagne ma vie et je suis parent et j'ai une maison, mais ma "vie intérieure", elle, se meure. Je nourris le feu de temps en temps, et puis ça ne me réchauffe pas mais je me dis que tant qu'il brûle il n'est pas illégitime pour moi de continuer d'en parler. Et je contemple cette longue démarche avec ironie, avec un brin d'amertume. Parce que ce qui me fait vivre le plus (la Création et l'État d'Esprit dans lequel ça m'élève) doit être réprimé. Parce que je vois ce qu'ont pu accomplir certains artistes qui y ont consacré toute leur vie, et que moi --- ne pouvant pas le faire --- je vais donc demeurer un amateur dilettante et un peu grossier. Malgré toutes les bénédictions que ma vie contient (ma famille, mes enfants, ma prospérité d'occidental, etc.) je ne peux pas m'empêcher de trouver qu'elle est gâchée, et il n'y a rien que je peux y faire. Rien, sauf continuer d'écrire, aveuglément, avec névrose et obsession, dans le noir.